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/ LES INTERROGATOIRES à KGB 


 

 

Il y a trente ans, vous faisiez vos débuts comme commercial chez Résonances, le bi-mensuel de Régis Neyret et de Carole Dufour. Quel genre de patronne était-elle ? ça chauffait entre vous, surtout à la fin ?

Non pas du tout ! Il faut savoir que c'est Carole Dufour qui m'a proposé de rejoindre l'équipe de Régis Neyret. Je suis entré comme directeur de la promotion et du marketing d'une revue à l'audience tout à fait exceptionnelle pour l'époque, qui ne s'est très vite d'ailleurs plus du tout appelée « Résonances » puisqu'il y a eu fusion avec une autre revue. On s'appelait « Lyon Magazine ». Attention, à ne pas confondre avec qui vous savez ! J'étais donc directeur de la promotion et du marketing : je m'occupais des équipes publicitaires chargées de faire entrer la publicité. Et pour la promotion, j'avais la chance d'organiser un certain nombre d'évènements autour des choses que j'aimais : le cinéma, le théâtre et très rapidement la danse.

 

Dans le même temps, vous tâtez du journalisme...

Carole Dufour s'intéressant beaucoup à la politique, à l'économie mais moins à la culture, elle me demande (elle était rédactrice en chef à l'époque) de l'aider sur le plan culturel et donc je suis amené à écrire beaucoup sur le cinéma, un tout petit peu sur le théâtre et à créer vraiment la rubrique danse, parce qu'à l'époque il n'y avait pas de journaliste danse, c'était le critique d'opéra qui faisait les papiers danse.

 

Et à propos d'opéra, il paraît que vous n'étiez pas tendre avec vos sujets : Louis Erlo s'en souvient encore...

Louis Erlo s'en souvient toujours et il s'en souviendra longtemps. J'ai écrit un article à l'époque qui s'appelait : « Louis Erlo, le fantôme de l'Opéra ». Et il m'en a voulu beaucoup, beaucoup.

 

Mais pourquoi l'avoir titré de cette façon ?

Parce qu'à l'époque j'avais la sensation qu'il n'était pas très présent, qu'il était beaucoup sur des mises en scène ailleurs, et qu'il ne s'occupait pas de son ballet. Voilà, ce qui ne met pas du tout en cause le très grand respect que j'ai pour lui comme pour tous les grands qui ont lancé toutes aventures : Louis Erlo pour l'Opéra, Marcel Maréchal et Roger Planchon pour le théâtre. J'ai toujours dit que j'avais de la chance d'avoir un terrain ou un terreau préparé par ces grands. Nous sommes la génération suivante et avons profité du travail formidable qu'ils ont fait à cette époque. 

 

Parallèlement, vous êtes un supporter convaincu du projet Maison de la Danse... Vous en devenez tout naturellement le directeur le 1er janvier 1980...

Non pas tout naturellement, parce que ceux qui étaient à l'origine de ce projet me l'ont demandé.

 

Vous prenez vos fonctions de directeur le 1er janvier 1980, prouvant que « Le journalisme mène à tout à condition d'en sortir ! » selon l'expression consacrée...

C'est le Droit qui mène à tout à condition d'en sortir ! Il est plus étonnant de faire du Droit et de devenir directeur de la Maison de la Danse. Le journalisme peut mener à un certain nombre de carrières autour du spectacle.

 

Vingt-quatre ans plus tard, la Maison de la Danse est devenue l'une des scènes de diffusion et de création chorégraphiques les plus importantes au monde. Votre plus beau souvenir ?

En tant que directeur de la Maison de la Danse : je crois que c'est mission impossible. Il y a trop de souvenirs, trop de rencontres en 24 ans. Vous imaginez, plus de 600 chorégraphes invités, des milliers de danseurs. Pour la Maison de la Danse, je crois que le grand tournant a été la décision qu'a prise la ville de Lyon de nous installer au théâtre du 8ème. Je ne serais pas resté directeur de la Maison de la Danse de la Croix Rousse jusqu'à aujourd'hui, on était trop limité, on se cognait contre les murs comme les danseurs. La décision de Michel Noir et de Jacques Oudot de nous installer avenue Jean Mermoz nous a permis d'exploser complètement : jusqu'en 92 on stagnait à 3.500 abonnés, à partir de 1992 on n'a pas cessé de monter pour arriver à plus de 15.000 aujourd'hui.

 

Comment êtes-vous arrivé à gagner votre légitimité et comment avez-vous été perçu dans ce milieu ?
En 1980, ce milieu existait très peu. Il faut savoir que 1980 est l'année de démarrage de beaucoup d'évènements dans le domaine de la danse : la création du festival Montpellier Danse, l'arrivée sur le terrain de Régine Chopinot et de Jean-Claude Gallotta et du Maître  Bagouet. Je suis arrivé à 33 ans dans un univers quasiment vierge. Il y a eu peut être un peu d'inquiétude de la part des tenants d'une danse classique qui était plutôt dominante à l'époque. Mais il n'y a eu vraiment aucun problème d'intégration : la bonne humeur et la passion ont convaincu les gens au fil des années.

 

Suite de l'interview