A l'assemblée Nationale, vous êtes assis dans la dernière travée. A
l'école, étiez-vous également au fond de la classe à côté du radiateur ?!
(Rires) J'étais au milieu, mais
j'étais rarement devant par contre, c'est vrai. Et à l'Assemblée, ma place
est effectivement au dernier rang, mais je n'y suis jamais. Tous les
nouveaux sont quasiment au fond ! Et moi, je me mets plutôt à côté de ceux
avec qui je m'entends ou que je connais...
Comment sont traités les jeunes députés UMP à l'Assemblée, comme des bleus
bite ?
Au début, on l'a assez mal pris, moi-même j'ai été un peu vexé, je
l'avoue. D'ailleurs, pour vous faire une confidence, j'avais réussi à
négocier avec un de mes amis parlementaire, une place pas trop mal
placée, pas loin des caméras, parce que c'est important d'être vu ! Et
quand je suis arrivé, j'étais au dernier rang. On se dit que l'on nous
prend vraiment pour... une matière négligeable, et en réalité, on m'a dit :
« Non, ne t'inquiète pas, tu n'est pas obligé de rester à ta place ».
Je ne suis jamais à ma place, et il se trouve qu'aux questions d'actualité
je suis souvent cadré par les caméras, alors que si j'étais resté à ma
place, on ne me verrait jamais.
Revenons-en à vos très light études supérieures...
Oui, il faut savoir que je me suis marié assez jeune et que j'ai eu des
enfants dans la foulée. Aujourd'hui je regrette de n'avoir pas été assez
loin dans mes études, et c'est vrai qu'à l'époque, j'ai eu l'occasion de
bosser assez vite, et j'ai fait ce choix qui m'était matériellement
imposé...
Avez-vous fait votre service militaire ?
Oui, j'était à Montlhéry. Je n'ai pas brillé. J'ai terminé première classe...
Parce que vous n'avez pas été pistonné ?
Non, ça, je vais le dire off. A l'époque, effectivement on parlait de
fugue. Un soir, j'ai pris ma mobylette et...
Il ne peut y avoir de "off" dans un interrogatoire...
Bon alors, je ne vous le dis pas... Mais donc, je n'ai pas été pistonné... (Il
y a de la tension dans l'air...)
Vous n'avez pas été pistonné parce que votre père à refusé de le faire...
On peut le dire comme ça ?
On peut le dire comme ça parce que mon père a...
A la suite de vos fugues ?
Non non non...
Tous les témoignages que nous avons recueillis assurent que vous étiez
fugueur, Emmanuel !
Mais je le nierai. Non, ça ne ferait pas plaisir à mon père, mon père est
un homme âgé, il le prendrait... C'est vis à vis de lui...
Il n'y a pas de mal, je pense qu'il assume ce que vous êtes !
Alors, partant du principe que j'ai pris mon indépendance sur un coup de
tête, et voilà...
Mon père avait un principe, qu'il a respecté toute sa vie, parlementaire
notamment, c'est de ne jamais pistonner sa famille. Et sur les six
enfants, personne n'a été pistonné.
Si vous aviez été plus placide, vous aurait-il pistonné ?
Non, je ne crois pas... sincèrement. Mes frères et surs qui n'ont pas fugué
n'ont jamais été pistonnés. Mon père était assez rigide la dessus.
Suite de l'interview
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