Vous étiez président
de l'association des lecteurs de Lyon Capitale qui n'a de cesse de
dénoncer la dictature communiste chinoise. Ce qui ne vous empêche pas de
dérouler le tapis rouge pour le président chinois ou son ambassadeur. Le
grand écart fait-il partie des sports extrêmes que vous aimez pratiquer ?
J'ai eu de grands débats à l'époque, j'ai même eu une interview dans Lyon
Capitale où je m'opposais fermement à mes amis de Lyon Cap parce que pour
moi, il y a deux stratégies. Il y a la stratégie qui consiste à dire
« ces gens-là sont des bourreaux, il faut refuser de les voir, il ne faut
pas les rencontrer,... » et pour moi c'est une politique qui est une
politique suicidaire parce qu'en fait on vivra bien confortable chez nous
mais on ne changera rien à la situation. Je pense au contraire que nous
avons à les recevoir, à les rencontrer, à aller chez eux, et je pense que
par l'exemplarité, par la contamination je dirais, on va automatiquement
faire passer toutes nos valeurs. C'est la politique que l'on mène et que
Lyon doit mener. Je vous rappelle que Lyon a un rôle très particulier en
Chine, nous sommes en relation avec eux depuis deux siècles, on a toute
« l'intelligentsia chinoise » qui a fait ses études à Lyon. Aujourd'hui,
quand un président Chinois vient en France il vient à Paris et à Lyon et
cela doit nous amener à rencontrer, dialoguer, échanger, et il faut être
aveugle pour ne pas voir que cela paie.
Vous pensez que cela paie en Chine ? Est-ce que si Augusto Pinochet
était encore à la tête du Chili aujourd'hui, vous le recevriez avec autant
d'égards ?
Je pense que la situation de l'époque du Chili n'était pas la même et que
je ne recevrais pas Pinochet...
Il y a donc une certaine dichotomie dans votre discours aujourd'hui ?
Non, je ne pense pas. La logique du peuple chinois est forcément une
logique d'ouverture. Ils ne peuvent pas ne pas s'ouvrir, c'est absolument
impossible et quand ils ouvrent les portes, ils vont forcément recevoir et
avoir à dialoguer avec des valeurs d'une société démocratique.
De nombreux opposants chinois sont en prison, l'Eglise en Chine est
celle du silence...
Ce n'est pas vrai, tout ça est entrain de changer.
Le problème du Tibet n'est toujours pas résolu... Il est où le
Jean-Michel Daclin des années 70 ?
Il n'a pas changé, en réalité quand on regarde le problème du Tibet, c'est
un problème beaucoup plus complexe que l'image qu'on en a d'ici où nous
avons l'impression d'un Tibet idéal qui en réalité détruit ! Je vous
rappelle que le Tibet était Moyenâgeux quand il a eu à subir les assauts
chinois.
Vous allez loin...
Je vous rappelle que la condition de la femme était
absolument inacceptable, c'était bien pire qu'en Chine le Tibet à
l'époque. Aujourd'hui je discute beaucoup avec les associations
tibétaines, j'ai rencontré à plusieurs reprises des gens qui ont du vivre
dans des conditions terrifiantes au Tibet et je les reçois car il faut les
recevoir et dialoguer. Je crois que nous sommes dans une situation, si on
refuse de rencontrer la Chine, ça ne bougera pas. Et les Chinois seraient
tout contents qu'on ne les rencontre pas, il faut donc qu'on les
rencontre.
Suite de l'interview
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