Parallèlement à vos
fonctions à la Halle,
vous êtes directeur de la production sur de nombreux spectacles. En quoi
consiste exactement ce job ?
Pour parler d'une manière extrêmement pragmatique,
j'interviens sur certains spectacles d'artistes ou producteurs amis. J'ai
une structure en nom propre (TTC) basique de chez basique. J'apporte du
conseil soit en maîtrise d'ouvrage, soit en maîtrise d'uvre avec aspect
budgétaire ou artistique en fonction des demandes des artistes et des
producteurs.
Vous intervenez sur les concerts parisiens de Mylène
Farmer. A combien se monte la facture de vos honoraires ?
Elle n'est pas encore faite ! (rires) Je vous
rassure tout de suite, je ne paie pas l'impôt sur la fortune ! Ce sont des
sommes modestes.
Sur quelle tournée ou quel concert êtes-vous
intervenu avant Mylène ? Combien avez facturé ?
Zazie. 30 000 euros TTC.
N'y at-il pas risque
de conflit d'intérêt entre vos deux casquettes ?
Justement non. Mon intervention est sur un aspect
technique, je n'ai pas de part de production sur les spectacles, je ne
suis pas attaché au résultat de ces tournées. C'est un travail de
prestataire à la marge. Je l'ai fait l'année dernière pour Zazie, cette
année sur mes vacances car dans ce cas là je prends des vacances, ces 2
dernières semaines, je l'ai fait pour Mylène Farmer. L'année précédente je
l'ai fait pour Etienne Daho, c'est quand même très à la marge. Je ne parle
pas de tous les conseils que je peux donner pour d'autres opérations, à
titre purement bénévole et par intérêt artistique très souvent.
Peu de Lyonnais savent
que vous avez lancé Jean-Jacques Goldmann...
Ce n'est pas moi qui l'ai lancé ! (rires)
...que vous vous occupez
d'Etienne Daho, de Mylène Farmer... Discrétion ou timidité ?
Je crois vraiment à une discrétion naturelle, je ne me suis
jamais caché de cet aspect de ma vie professionnelle. Seuls les artistes
sont importants, les spectacles, les musiciens qui sont sur scène, les
gens qui travaillent à la mise en uvre de tout ça. Si je vous demande le
nom du chef opérateur de Stanley Kubrick, vous ne le connaissez pas
pourtant vous connaissez tous les films de Stanley Kubrick. A un certain
moment je pense que ce n'est pas très important.
Comment en êtes-vous
venu à vous occuper des plus grands ?
Parce que je suis très vieux ! (rires) Parce que je
fais ce métier depuis longtemps et il y a une certaine confiance qui s'est
installée avec le temps et que le fait d'être intervenu sur de grosses
opérations fait qu'il y a une certaine reconnaissance en tant que personne
qui peut apporter des idées, des solutions à certains problèmes.
Mylène Farmer vient de
donner une série de concerts exceptionnels à Bercy... Racontez-nous votre
domaine d'intervention ?
Je vous transmettrai la facture ! (rires)
Concrètement, d'un artiste à l'autre je ne fais pas la même chose.
Certains artistes ont une vision très précise de ce qu'ils vont faire de
la scène, et certains artistes peuvent me demander « qu'as-tu vu
dernièrement ? ». Par exemple, pour Etienne Daho... un jour j'appelle
Thierry Suc et je lui dis : « Je viens de voir un éclairagiste formidable
sur Moby, je pense qu'il plairait à Etienne ». Voilà l'une de mes
interventions.
Thierry Téodori se déplace-t-il tout seul ou avec
une équipe ?
Je suis absolument tout seul mais par contre, je conseille
amicalement certains producteurs sur le montage des équipes. Sachant que
sur les grosses opérations, on retrouve les mêmes. En gros, 250 personnes
« trustent » toutes les grandes tournées.
Donnez-nous un peu des chiffres sur cette série de
concert monumental... Combien de billets vendus, combien de personnes
interviennent ?
Ce spectacle a été conçu pour Bercy. Il y a des effets
scéniques qui ne sont pas tournables, c'est la principale raison. En
tournée, on monte et on démonte tous les jours, là vous comprendrez que
lorsque nous sommes installés et fixé dans un lieu. Il y a à peu près 130
personnes qui travaillent sur le spectacle tous les jours. En termes de
montage, le décor représentait 25 semi-remorques ! En terme de
fréquentation il y a un peu plus de 180 000 billets vendus il y a déjà un
an, et l'objectif c'est l'équilibre financier.
Quel est le budget pour les 13 concerts ?
Il suffit de faire une multiplication... On a 13 000
personnes par soir à 50 euros de moyenne donc 650 000 euros x 13... C'est
colossal. Ce spectacle doit s'amortir sur 13 dates alors qu'une création
comme celle-ci pourrait l'être sur 10 fois plus.
Est-ce vrai qu'elle est
venue répéter en catimini à la Halle Tony Garnier ?
C'est absolument faux ! Nous avons fait un montage
technique à la Halle
car le seul endroit en dehors de Bercy où nous pouvions monter le mur de
décor ainsi que les écrans vidéo c'était la Halle Tony Garnier. Donc très
tôt on m'a demandé si
la Halle
était disponible pour ça. On a donc fait le montage technique avant Bercy
mais à aucun moment il n'y a eu de répétitions avec Mylène Farmer à Lyon.
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