Chez les Jésuites de
la rue Sainte Hélène, on vous retrouvait devant à fayoter ou au fond à
côté du radiateur ?
J'ai
toujours été moyen, mais par contre j'étais avec des élèves célèbres comme
Pascal Bruckner, l'écrivain et philosophe, on était copain de classe.
Il y avait aussi
Jean-Michel Daclin et Jean Agnès ! Il paraît même que vous étiez déjà un
petit chef de bande !
On s'en occupait, oui, c'est vrai ! (Rires)
« Votre fils sera
toujours un chef !» déclare le père recteur à votre mère. Vous aviez ça
dans le sang ?
On avait notre chef pâtissier, M. Hugo Bressiani, et j'ai un souvenir
merveilleux de lui... Tout petit il m'a donné le biberon et c'est lui qui
m'a appris mon métier. Un jour, on était dans la rue des Faux monnayeurs à
Saint Etienne et y'avait tous les gamins de rue, on faisait des courses,
on jouait aux gendarmes et aux voleurs et il me disait : « toi, tu faisais
toujours le gendarme et c'est toi qui faisais avancer tout le monde à la
baguette ». Pourquoi ? Je ne sais pas. On faisait les camps de scout avec
Vincent Roiret. Lui était chef de patrouille et moi chef de la patrouilles
des guépards.
Avec votre bâton de
Maréchal, avez-vous décroché un diplôme ?
Je suis sorti des
jésuites en fin de troisième et j'ai attaqué le boulot tout de suite. J'ai
fait un apprentissage chez mon père et je voulais absolument partir car je
me suis dit si je reste chez mon père jamais je ne pourrai exploser, je
vais tourner en rond. Le chef pâtissier disait à mon père : « il faut
faire partir Jean-Paul ».
En 1964, votre père
rebaptise la maison Magnan de son nom. Un problème d'Ego à surmonter ?
Peut-être ! Mais là, Pierre pourra mieux vous en parler que moi, il
connaissait très bien mon père.
Pierre :
Je pense que c'était sa personnalité. Jamais il n'a pris le melon, il
avait un tempérament quand même. C'était de nature. Il l'a débaptisé car
il était resté suffisamment longtemps sous le nom de Magnand, je pense que
c'était le moment de le faire.
L'origine du monde !
Ah bah, bien avant, attendez !
Ce n'est pas ce que m'a raconté votre mère ! Elle m'a dit : « il n'a
jamais ramené une fille à la maison ! »
Jamais, c'est vrai. Mais j'étais précoce.
À quel âge avez-vous artillé pour la première fois ?
14 ans.
Dans les cuisines de la maison ?
Non ! Mais j'étais précoce, oui.
Vous vous souvenez
de la jeune fille en question ?
Ce n'était pas une jeune fille, c'était une dame. (Rires)
Vous effectuez
également un stage chez la mère Guy, tenue par Roger Roucou. Mais ce n'est
pas forcément la cuisine qui vous intéresse le plus...
Là,
c'était un challenge avec des copains ! Qui c'est qui sortira la fille ?
et j'ai dit : « ça sera moi ! » et puis j'ai sorti la fille ! (Rires)
Suite de l'interview
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