A 16 ans, vous quittez
le domicile familial. C'était une fugue ou vous vous êtes fait éjecter de
la maison ?
Non, non c'était ma décision. Pour m'en sortir, je
donnais des cours.
A l'âge où les gens passent leur Bac vous étiez
déjà prof !
J'enseignais les mathématiques à l'époque parce que
j'avais compris une chose : ce qui intéressait les parents, ce n'était pas
que leurs enfants soient bons en mathématiques mais c'est qu'ils aient une
bonne note. Et moi, j'avais trouvé comment on faisait pour avoir de bonnes
notes, sans forcément être bon. Donc je donnais des cours d'efficacité,
pas de mathématiques (rires).
Après votre service
militaire, vous intégrez l'entreprise Pomona, une entreprise dont l'une
des spécialités est l'importation et le conditionnement de bananes... c'est
marrant comme premier job, vous étiez déjà un comique ?
Si vous écrivez ça, vous êtes assigné par Pomona !
Pomona vient de « Pomone » qui est la déesse des fruits et légumes, c'est
une société qui était à l'époque la plus grosse de distribution de fruits
et légumes en France et parmi les trois plus grosses dans la distribution
de surgelés. Qu'ils aient démarré leur aventure en conditionnant des
bananes, je dirai rien n'est impossible ! Mais j'ignore ce détail. Par
contre, si vous écrivez qu'ils ne font que ça je vous envoie mon avocat !
(rires)
C'est là que vous avez
appris à glisser les peaux sous les semelles de vos adversaires...
Je viens de vous dire que j'ai jamais eu de bananes
chez Pomona ! (rires) Pas de bananes, pas de peau ! Je vendais des
surgelés, j'étais responsable du secteur de Saint-Etienne.
Vous étiez au rayon frais finalement ? (rires)
Ça c'est sur que c'était frais ! Je vais vous dire
une chose remarquable... j'étais arrivé là, avec mon beau diplôme de grande
école de commerce, et je me souviens j'avais un très joli petit costume en
velours lisse vert bouteille avec un gilet gris perle. Au bout de cinq
minutes, j'étais dans le frigo où il fait 3 ou 4 degrés !
Combien de temps restez-vous chez Pomona ?
Je ne me souviens pas de tout ça, c'était il y a
longtemps ! Un an, à peu près.
Vous passez ensuite
sans transition de la banane à la banque...
Vous avez des problèmes avec les bananes, garçon ? (rires)
Non, mais sans déconner ?
Vous gravissez
rapidement les échelons du Crédit Mutuel puisque vous devenez directeur
d'agence. Avec vos santiags, on vous surnomme alors le banquier rocker !
C'était déjà le désir de se faire remarquer ?
Pas du tout ! Je n'ai absolument aucun désir de me faire
remarquer.
Dans le milieu très policé de la banque, votre
accoutrement faisait jaser mais ce n'était pas pour vous déplaire...
Pas du tout ! Premièrement, le Crédit Mutuel est une banque
certainement plus décontractée et beaucoup moins collet monté que beaucoup
d'autres banques sur le marché. Le Crédit Mutuel a toujours été une banque
mutualiste plus décontractée, beaucoup plus simple dans sa relation.
Lorsque vous êtes bien dans vos habits, vous êtes bien dans votre
comportement et je peux vous assurer d'une chose, c'est que mes clients
n'en avaient rien à foutre que je sois en santiags ou pieds nus. Par
contre ils étaient très intéressés d'avoir un professionnel qui les écoute
attentivement, qui réfléchisse réellement et qui leur propose un certain
nombre de solutions. Et je peux vous assurer que le jour où vous êtes
riche, vous vous en foutez que le mec qui vous reçoit soit en santiag ou
pieds nus si ce qu'il vous dit est intelligent.
La fin de cette
aventure n'est pas très rock n'roll. Vous auriez en effet été viré de la
banque pour malversation !
Ce n'est pas une interview mais un tissu de conneries ! Je
n'ai absolument pas été viré pour malversation ! Il y a eu un hold-up dans
l'agence dont j'étais le patron. C'est toujours embêtant ! Cela a en effet
tendu les rapports avec ma direction.
Elle a pensé que vous étiez derrière ce hold-up ?
Pas du tout ! Ils n'ont rien pensé du tout.
C'est comme ça que vous avez mis l'oseille de côté
pour acheter la Tour Rose ? (rires)
Il faut qu'il arrête de boire ! La brigade financière a
fait son enquête et elle est arrivée à des conclusions extrêmement
claires. Cet incident a perturbé la relation que j'avais avec la direction
générale. J'ai pris la décision de quitter le Crédit Mutuel et je l'ai
fait dans le cadre d'un congé sabbatique.
Cette affaire n'est pas très claire. On ne peut pas
vous reprocher d'avoir subi un hold-up dans votre agence ?
On ne me l'a pas
reproché, puisqu'aucune faute n'a jamais été retenue contre moi. Imaginez
que vous êtes banquier, vous faites un crédit important, qui est
d'ailleurs en général décidé par un comité d'esponge. S'il devient un
contentieux, on ne vous reproche rien mais du coup vous avez un problème
relationnel avec votre direction. C'est tout. Vous avez un collaborateur
demain se trouve embringué dans une affaire de pédophilie, vous êtes
emmerdé ! Même si au bout de 3, 4, 5 ou 7 ans la justice le blanchit
totalement.
Ça n'a rien à voir là, vous partez dans des
délires !
Pas du tout !
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