Avez-vous lié des
amitiés avec des personnalités clientes ?
Je suis un grand passionné de football, c'est une de mes
grandes passions, et Michel Platini je l'ai connu comme client. C'est à
lui que j'ai demandé de me remettre cette décoration, officier de la
légion d'honneur. Lui avait été nommé officier en 1998 après
l'organisation du Mondial à Paris. On a fait les choses très simplement
dans un restaurant de Paris « Au pichet » et on a fait un déjeuner en tête
à tête tous les deux. A l'issue du repas, on a fait une brève cérémonie.
Un garçon a fait la photo au moment où il me remettait les insignes
d'officier. Je ne voulais pas inviter 1000 personnes comme j'avais fait
quand j'ai été chevalier, car lorsqu'on en invite 1000 on en mécontente
autant car vous en oubliez. La table à côté c'était Monsieur Sarkozy qui
était interviewé par un journaliste et finalement on a bu un verre
ensemble, on a discuté, et on a fini l'après-midi comme ça. C'était une
remise de décoration assez inhabituelle, plus simple on ne pouvait pas
faire !
Et dans le milieu du
show-biz ?
Oui bien sûr, comme tous les grands cuisiniers qui
ont des amitiés particulières dans le show-biz. Par exemple, Johnny qui
est mon conscrit ! J'ai eu aussi Tom Cruise et Nicole Kidman qui sont
restés plusieurs jours et que j'ai baladés un peu, avec qui j'ai eu
l'occasion d'échanger des repas. C'était très agréable.
Vous avez tissé une relation particulière avec
l'enfant du pays...
Laurent Gerra, bien sûr! Je l'ai fait inviter dans
l'émission de Guillaume Durant tournée en direct à Vonnas début mars. On
l'a déguisé en cuisinier, mis dans la cuisine et quand on a fait la prise
d'antenne, j'ai dit : « On a une nouvelle recrue, ce n'est pas simple ! ».
Donc là gros plan sur Laurent ! Après il est venu sur le plateau, c'était
sympa même si il m'a bouffé tout mon temps de parole ! (rires)
Laurent a le même âge que mon fils aîné, et ils étaient à l'école
ensemble. Tous les week-ends, il passait son temps dans l'hôtel parce que
sa mère travaillait chez nous et son père au Crédit Agricole de Vonnas.
Quel est l'artiste qui vous a le plus marqué ?
Pierre Perret peut-être ! Pierre Perret est un épicurien
qui cuisine merveilleusement bien. Je me rappelle par exemple d'une soirée
d'été où on a fait un double de tennis : la paire Pivot-Perret qui
sortaient de table, bien euphoriques, la raquette de tennis dans la main
droite et le cigare dans la main gauche et on a fait un match à 11h du
soir, le court était allumé, il y a eu une espèce de petite brume. Tout le
monde était d'ailleurs bien embrumé ce soir là ! (rires)
Vous avez
progressivement étendu votre rayon d'action autour du restaurant familial...
Au point de posséder presque tout le village !
Quand je suis arrivé à Vonnas, j'ai fait une rencontre avec
un vieux monsieur qui avait été client de mes grands-parents, de mes
parents et de moi à mes débuts. Ce monsieur s'appelait Raymond Lévy. Il
avait fait la guerre de 14 et avait émigré aux Etats-Unis où il était
devenu le père de l'esthétique industrielle. C'est lui qui a fait la
bouteille de Coca-Cola, le paquet de Lucky Strike et le logo d'Air
France ! Il m'a fait comprendre l'importance du beau. Et depuis que j'ai
eu ces soirées avec ce monsieur, j'ai compris qu'à qualité de cuisine
sensiblement égale, les gens iraient plutôt et retourneraient surtout dans
des endroits où il y a une part de rêves.
Comment définiriez-vous
ce rêve ?
Le rêve commence dans l'assiette, avec la qualité de la
cuisine mais c'est au-delà de l'assiette, c'est la table, le restaurant,
l'établissement, autour de l'établissement et même le village ! Cette
démarche environnementale m'a conduit à acheter 17 maisons autour de la
place et aujourd'hui on a refait tout l'historique. Sur chacune d'entre
elles, on a raconté l'histoire de la maison, ce que c'était avant, le
maréchal ferrant, le coquetier, le sabotier, le café épicerie... Comment
c'était il y a 100 ou 150 ans avec les photos de l'époque.
Vos détracteurs
comparent désormais Vonnas à Disneyland ! Blancland !
On n'a
pas que des enfants qui viennent chez nous ! (rires)
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