La suite est connue.
Après votre défaite puis la fin de votre mandat de sénateur en 1995, vous
disparaissez de la scène publique... Un soulagement ou une frustration ?
Non, je suis parti du Sénat parce que je l'ai voulu. Je ne voulais pas
arriver au Sénat en étant centenaire.
Le coup de grâce
vous est donné par Gérard Collomb qui a la délicatesse de supprimer la
voiture avec chauffeur dont vous bénéficiez au titre de maire honoraire...
Le préfet de l'époque m'a convoqué et m'a dit : « voilà vos
droits : vous avez droit à un bureau, à une voiture et un chauffeur ».
Alors quand Noir est arrivé, je lui ai dit et il m'a dit : « oui, il n'y a
pas de problèmes ». Quand Barre est arrivé, je lui ai expliqué « voilà ce
que le préfet m'a dit » et il m'a dit « oui, pas de problèmes ». Mais
quand Gérard Collomb est arrivé, je lui ai dit voilà ce que j'ai et
pareil : «pas de problèmes ». Et puis il y a eu un nommé Tête qui a dit :
« c'est scandaleux, on dépense de l'argent pour l'ancien maire, il n'a pas
droit à ça ! ». Mais si, j'y ai droit ! D'après la loi, j'y ai droit. Mai
je ne suis pas bagarreur...
On ne peut pas dire
que ce soit la folle entente avec vos successeurs. Ne parlons pas de
Michel Noir mais également de Raymond Barre à qui vous reprochez d'avoir
offert la mairie à Gérard Collomb...
Oui je lui reproche car il l'a dit clairement l'autre jour
dans un article où il ajoute : « Rien ne s'est fait à la mairie jusqu'à
l'arrivée de Monsieur Noir ». Pourtant c'est pas lui qui a construit tout
ce que j'ai construit : Interpol, Eurexpo, le pont Churchill et puis j'en
passe !
Vous avez vécu ça
comme une trahison de la part de Barre ?
Oui, c'est une trahison. Lui aussi, c'est le dernier des...
Mais bon... Pas des bons ! (Rires)
On ne vous voit
quasiment jamais aux réceptions de l'Hôtel de Ville... Pour quelles
raisons ?
Parce que je ne vais pas aller me trimballer à mon âge,
rester debout, etc... Quand quelqu'un reçoit une décoration, la légion
d'honneur par exemple, j'y vais.
Gérard Collomb vous envoie-t-il encore des invitations ?
Oui, il est bien obligé.
La vie d'homme politique et de chef d'entreprise est semée d'embûches,
mais vous avez quand même de nombreuses compensations. À combien se
montent vos revenus mensuels aujourd'hui ?
L'argent ne m'intéresse plus maintenant ! Je l'encaisse,
mais il ne m'intéresse pas.
Avez-vous une idée des montants de retraite de sénateur, de maire que vous
percevez ?
J'ai été 27 ans sénateur. Je dois toucher dans les 4
millions d'anciens francs par mois.
Et au titre de PDG de Chimicolor, combien gagnez-vous? Vous avez encore un
salaire ?
Non, c'est en tant que retraité, je reçois à peu près 15 000 euros. Et
puis, j'ai la ville de Lyon, 1 500 euros par mois.
Suite de l'interview
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