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/ LES INTERROGATOIRES à KGB 


 

 

« Francisque Collomb succéda à Pradel en 1977, sans laisser de trace mémorable dans le cœur et la ville des Lyonnais, hormis le lancement du quartier scientifique de Gerland et la réhabilitation de la halle Tony-Garnier. » écrit Le guide du routard à votre sujet... D'accord, c'est un guide de merde, mais c'est national...

Je me dis : « ce sont des cons » et puis voilà tout ! Qui a créé le pont Winston Churchill ? Qui est-ce qui a démoli le pont de la Boucle ? Il y avait tous les gars du Boulevard des Belges qui rouspétaient car l'autoroute devait passer là. Béraudier m'a dit : « tu le fais et t'occupes pas des gars du Boulevard des Belges ». J'ai pris la décision et on la fait.

 

En 1988, votre mentor Charles Beraudier décède. Est-ce que vous avez participé au pillage de son coffre-fort à l'Hôtel de Ville le soir de sa mort ?

Il n'y a pas eu de pillage ! Je savais qu'il avait laissé un coffre alors j'ai prévenu la famille, mais je ne savais pas si c'était de l'argent personnel ou autre. Avec la famille, on a ouvert le coffre, et il y avait une enveloppe «pour ma famille » et l'autre c'était « pour les futures élections », c'était l'argent qu'il avait mis de côté.

 

Combien dans cette enveloppe ?

Ça n'a pas fait la moitié des frais des élections. J'ai financé de ma poche. Franchement je ne me rappelle pas.

 

Combien coûtait une élection ?

J'en ai tellement fait ! Bien souvent, c'était des amis qui participaient à l'élection, ils finançaient.

 

Pour résumer, c'était de l'argent liquide. D'où venait cet argent, du BTP comme on en a parlé ?

Oui de l'argent liquide, mais pas du BTP. J'étais très ami avec Charial, mais il ne m'a pas donné un sou. Avec Bouygues, je leur donnais des milliards de travaux, il m'invitait toutes les années à déjeuner, et il avait un des ses collaborateurs qui était un ami et on déjeunait, et il me disait toujours « Au revoir, cher monsieur !» et c'est tout. Il ne m'a jamais donné un sou le père Bouygues. Il en a donné à Noir, après.

 

Combien y avait-il dans le coffre et pourquoi cette histoire est-elle entrée dans la légende ?

Il devait y avoir une quinzaine de millions d'anciens francs ! Je ne me rappelle pas du chiffre exact. Ça ne m'a pas touché cette histoire d'argent.

 

Où Charles Béraudier avait-il récupéré cet argent ?

Il y a des gens qui donnent toujours quelque chose quand ils ont eu un marché... pas des cent et des mille mais à force... Et il ne les dépensait pas.

 

« Ce soir-là, je pouvais devenir maire de Lyon. Je ne l'ai pas fait. Est-ce qu'il faut le regretter ? Non. Mes mains peuvent êtres passés sous l'eau, elles sont blanches... » nous a confié André Soulier. Qu'en pensez-vous ?

Laissez-moi rire ! Je ne dirai rien, laissez-moi rire !

 

Qu'a-t-il refusé que vous, Francique, ayez accepté ?

J'ai accepté d'être maire.

 

Qu'entend-il par là ?

Je n'en sais rien, il faut lui demander.

 

Mais qu'y avait-il dans ce coffre pour que la suite soit déterminante pour lui ?
Il n'y avait rien de déterminant. Ce n'est pas Béraudier qui m'a fait devenir maire c'est Pradel. Pradel a dit avant de mourir : « Heureusement qu'il y a Francisque pour me succéder ». Mais je n'étais pas intéressé par la politique à ce moment-là, j'étais avec Béraudier et on savait que j'étais adjoint au maire, que j'étais parti de rien, sans aucun diplôme, sans rien. C'était déjà pour moi un honneur. 

 

 

Suite de l'interview