C'est à ses ennemis qu'on reconnaît la valeur d'un homme. Qu'est-ce que
ça fait de se faire traiter de connard par le futur président de la
République ?
Il y a beaucoup d'autres qui ont subi le même privilège ! Il y a un très
beau papier dans le Monde d'ailleurs, il y a quelques semaines ou
plusieurs mois, une double page, écrite par un journaliste qui a sans
cesse suivi Sarkozy pendant cette campagne qui s'appelle Philippe Ridet.
On voit une immense photo où Sarko est assis en prince et il y a 20 ou 30
journalistes qui sont autour de lui et qui sont subjugués par ce qu'il
raconte, et il leur dit, en gros : « Vous avez de la chance, je vous donne
la possibilité d'écrire vos papiers de merde ».
Vous n'êtes plus ministre depuis le 6 avril dernier. « Quand la
fonction (ministérielle) vous quitte, on se noie dans une noire
nostalgie » écrivez-vous. On a donc pensé à un accessoire d'urgence...
(Nous lui offrons une bouée)
Le nouveau président de la République vous l'a dédicacée ! « Si tu coules,
ne m'appelle surtout pas ! », signé Nicolas.
Ça c'est ma conviction, avec ça on ne
coule jamais ! Je sais qui je suis, je sais d'où je viens, mais je ne sais
pas où je vais ! (Rires)
Malgré tout ce que vous avez enduré, vous persévérez en politique. Vous
êtes candidat aux Législatives dans la banlieue lyonnaise.
Absolument pas, c'est une connerie ça encore ! Pourquoi dans la banlieue ?
Qu'est-ce qui vous fait penser que j'irai en banlieue ? Je serai candidat
à Lyon !
On vous a annoncé à Bron contre Queyranne. Quelle
circonscription avez-vous choisie ?
Je pense que j'irai dans la circonscription de Monsieur Dubernard...
L'homme qui ne vous a pas serré la main... Vous retrouvera-t-on à Lyon pour
les prochaines municipales. Si oui, avec qui ?
Ma famille maintenant c'est le Mouvement démocrate... Donc tous ces gens
courageux que représentent Mercier et Anne-Marie Comparini, qui n'ont pas
fait allégeance à la majorité présidentielle. Ces gens-là, je me sens
proche d'eux, de leur famille, de leur humanisme, ça me plait. J'aimerais
bien attirer avec moi des milliers de Lyonnais pour leur dire de faire la
fête de l'humanisme et de la démocratie avec nous, autour de mars 2008.
La vie d'homme politique est semée d'embuches mais vous avez quand même de
nombreuses compensations. A combien se montaient vos revenus mensuels en
tant que ministre ?
11 500 euros nets ! J'ai dépensé beaucoup car je ne fais pas confiance en
l'avenir, donc je suis un épicurien, je dépense tout ! Je vais faire un ou
deux films dans les années à venir, je vais pouvoir vivre en profitant un
peu. Je n'ai pas de goût excessif pour le luxe.
Allez-vous bénéficier d'une pension en tant qu'ancien ministre et quel
traitement recevez-vous du CNRS ?
Non, il n'y a pas de pension, il n'y a rien du tout ! Il faut le dire aux
Français et aux Lyonnais ! Il n'y a aucun avantage ! Je n'ai pas de
téléphone du ministère, je n'ai pas de voiture, je n'ai plus rien du tout.
Comme je suis chercheur au CNRS, je vais réintégrer mon poste de
fonctionnaire. En tant que chercheur, je gagne 2900 euros, après 20 ans
d'ancienneté.
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