Les
humeurs de Toussaint Pothin
Le
bloc-net du lundi 8 octobre 2001
Les
Talibans, héritiers de mai 68 ?
Difficile
de faire un papier sur Lyon par les temps qui courent. Que ce soit au
bistrot ou à la buvette du Conseil Général ou à une table bon
chic bon genre des "Muses", on ne parle que "World
Trade Center, Talibans, Toulouse et Risque industriel". On ne sait
plus ce que deviennent ces pauvres Dubernard, Philip et
autres opposants qui tenaient le haut du pavé il y a encore six mois. Collomb
fait bien son possible pour occuper le terrain.
Le coup médiatique de
Lyon Saint-Ex a bien fonctionné. Mais on voit bien que le cur n'y est
pas. Lyon Capitale qui, lui non plus, n'a pas grand-chose à se
mettre sous la dent, a bien sorti une "Une" tonitruante sur les
"magouilles des trafics de billets entre l'OL et la Municipalité".
Quand on lit le papier, on voit bien qu'il n'y a pas de quoi fouetter un
chat et que Gougenheim, qui gérait les places des élus, n'a pas
grand souci à se faire. Non décidément, le cur n'y est pas.
Lyon
Mag, qui s'y connaît
en marketing, a titré son nouveau numéro sur les Islamistes. Gageons que
le mensuel lyonnais, déjà lu par un Lyonnais sur deux (ce sont les études
qui le disent, donc ça doit être vrai), devrait passer la barre des
25.000 exemplaires vendus et ainsi bien se placer pour sa future
introduction en Bourse. Il paraît que ça se précise !
Histoire
de surfer sur l'actualité, laissez-moi vous dire un mot sur les Talibans,
mais à ma façon. J'ai testé le discours dans mes dîners en ville. Succès
assuré. Provoc réussie. On vous regarde comme un redoutable anti-jeune.
Le pied !
Je
vous explique ma théorie :
" Les
Talibans, si j'ai bien compris, sont des étudiants. Apparemment, un étudiant
ça croit au progrès, c'est moderne, c'est instruit et quelquefois cultivé.
Voilà qui devrait permettre de sortir de l'obscurantisme et du féodalisme
un Afghanistan moyenâgeux et analphabète. Eh bien, pas du tout ! On
avait oublié que les étudiants sont inexpérimentés par définition
puisqu'ils étudient, et idéalistes par défaut de jeunesse. Là-bas, on
leur a laissé le pouvoir. Le résultat est là."
Vous
allez me dire que ce qui est vrai en Asie Mineure ne l'est pas ailleurs.
Qu'il faut avoir confiance dans la jeunesse. Surtout quand elle est
instruite.
C'est
oublier un peu vite que l'Histoire a connu un phénomène de ce type
(toutes proportions gardées).
Souvenez-vous des Gardes Rouges chinois et
de leur révolution culturelle, et des gamins Kmers rouges à qui l'on a
abandonné le pouvoir au Cambodge. On a fait sauter les statues, brûler
les suppôts de la tradition et de l'Histoire."
Déjà,
avec un discours pareil, vous vous êtes fait pas mal d'ennemis autour de
la table. Mais vous êtes sûr d'être voué aux gémonies si vous
ajoutez, l'air de rien, qu'on l'a échappé belle en 68 quand les vieux
croûtons ont failli tout lâcher à la révolte étudiante conduite par
les Cohn-Bendit, Gesmar et autre July. Si les choses
n'avaient pas rapidement tourné en eau de boudin, nous n'aurions plus d'église
à visiter aujourd'hui, le corps enseignant tout entier serait devenu pédophile,
on fumerait dans les écoles, on taperait sur les maîtres, les drogues
douces auraient pignon sur rue ; histoire de mettre en pratique les théories
fumeuses de nos Talibans de l'époque.
Si
vous voulez vous faire mettre à la porte, ajoutez, avec un faux air Houellebecque,
après avoir fait mine de penser intensément, que finalement, toute réflexion
faite, il est évident que nous payons encore aujourd'hui les dégâts
faits par la génération 68 et que, décidément, il faut se méfier des
étudiants qui n'ont pas digéré ce qu'ils ont appris. Et des jeunes en général.
Vous
êtes bon pour le bûcher. Et pour un peu que vous soyez à la même table
que Philippe C, célèbre chroniqueur de Lyon Capitale, il ne
manquera pas de vous traiter de fasciste ou de Milloniste (c'est selon les
jours) et même, s'il est en forme, il pourra vous jeter rageusement son
verre à la figure.
A
suivre, le
bloc-net du lundi 1er octobre 2001
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