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/ TOUSSAINT POTHIN



 

Les humeurs de Toussaint Pothin 

 

Le bloc-net du 12 mars 2001

 

 

Halte au feu. A part ce pauvre Narcy, procureur de pacotille sur TF1, personne ne peut croire que Cohn-Bendit ait été ou soit pédophile. D'ailleurs, non seulement il s'en défend, mais tous ses copains soixante-huitards montent au créneau pour l'absoudre et replacer son texte con dans le contexte de l'époque.

Il l'avoue lui-même : ses propos, ses invectives, ses impertinentes diatribes n'avaient d'autre objet que d'épater le bourgeois.

 

Dont acte. Enfin, Dany l'ex-rouge nous confirme qu'il ne fallait - et sans doute qu'il ne faut pas plus aujourd'hui - accorder de crédit à ses paroles.

Ses sentences, ses délires médiatiques n'étaient (ne sont) que bravades à prendre avec circonspection.

 

Ses théories fumeuses sur la dépénalisation du commerce des drogues douces, sur l'autorité parentale, sur la sexualité, sur l'économie, sur les 35 heures, sur la Corse, sur le suicide, sur l'éducation new look, sur l'énergie nucléaire, sur l'Europe et autres de ses

dadas, ne sont que moyens infantiles de faire l'intéressant. Le malheur, c'est que des gens simples ou fragiles ou révoltés prennent ça au 1er degré ; le malheur, c'est que cet adolescent attardé soit devenu le maître à penser de toute une génération. Il a été, avec ses copains gauchistes, maoïstes et trotskistes de l'époque, le fossoyeur de plusieurs générations qui, sans repères, se sont fourvoyées et se fourvoient encore dans la violence, dans la consommation de drogues ; quelques-uns ont dû même se servir de ses écrits inconséquents pour se justifier de leur goût pour la jeunesse impubère.

 

Je me souviens de l'image pathétique et pitoyable de François Cavana (l'ex-patron de Hara-Kiri), venu sur TF1 pleurnicher en faisant part (un peu tard) de ses regrets et remords (il a été longtemps un défenseur des consommateurs de canabis) après la mort par overdose de sa petite-fille ; Sartre, Lacouture, July, quant à eux, n'ont jamais exprimé le moindre regret et remord d'avoir tressé des louanges à Pol Pot, Castro, Staline et autre ayatollah Khomeini (dans le désordre), et d'avoir gâché la vie de leurs admirateurs béats en publiant des écrits qui se réclamaient de la pensée nauséeuse de ces braves fumistes.

 

Il faut, lorsque l'on écrit ou lorsqu'on passe à la télé, se méfier des conséquences de ce que l'on dit. Tout le monde n'a pas la distance, la connaissance qui permettent de faire la part des choses. Certains vous admirent tellement qu'ils prennent pour argent comptant tout ce que vous dites.

Non, je ne reproche pas à Cohn-Bendit sa "pédophilie", je lui reproche d'occuper l'écran depuis trop longtemps pour dire des choses irréfléchies et inconséquentes, et dont on voit aujourd'hui les résultats néfastes. Je lui reproche de ne pas avoir écouté certains que je connais bien, qui, en 68, le contestaient et qu'il rejetait à coups de poing en les traitant de tous les noms et particulièrement de fascistes. Gérard Miller utilise aujourd'hui la même technique sans se rendre compte qu'il se comporte en redoutable facho (j'y reviendrai une autre semaine).

 

Oui, je lui en veux !

 

J'en veux tout autant à la génération précédant la sienne. Celle qui tenait le pouvoir en 68 ; par couardise, par pleutrerie et surtout parce que, vautrée dans une société de consommation balbutiante, elle souhaitait continuer de se rouler dans l'opulence qui s'offrait à elle. Cette génération sans courage a cédé honteusement à une jeunesse prétendument révolutionnaire et qui, en fait, était seulement révoltée comme toutes les jeunesses, depuis que le monde est monde. Les "bibi-fricotin" de la Pensée ont pris le pouvoir en 68. On s'en mord encore les doigts aujourd'hui.

On a désormais la preuve qu'il convient d'interdire de parole ceux qui veulent interdire d'interdire. Ce sont de dangereux apprentis-sorciers.  

 

Ma colère apaisée, laissez-moi vous parler (comme promis) d'un resto fameux et sans doute unique en son genre. Il est animé par deux hommes étonnants. A l'accueil (si j'ose dire) car il arrive qu'on se fasse rabrouer sans trop savoir pourquoi, Manu, l'ex-tenancier de "Mon père était limonadier", ambiance bistrot de quartier en plein Guillotière. Sauf que, quand il est dans un bon jour, Manu est hyper sympa. Il vous fait découvrir des petits vins inconnus mais extra. La carte, a priori, ne paie pas de mine, mais le chef japonais vous mitonne des plats qui pourraient sortir de chez Ancel ou même, en moins évanescent, de chez Chavent, tant ils sont exceptionnels. C'est un vrai régal. Bien sûr, ça ne peut pas plaire à tout le monde car il y a une certaine dissonance entre la qualité rare de la cuisine et l'accueil bon enfant de Manu.  

 

J'espère que, surtout, ils ne changeront rien car c'est ce mélange inattendu qui fait le charme de l'endroit.

A découvrir toutes affaires cessantes. C'est unique. Je sais, je l'ai déjà dit. Ça s'appelle "En mets, fais ce qu'il te plaît" - Tél. : 04 78 72 46 58. L'adresse : 43, rue Chevreul (7ème).

 

Fameux. Vous m'en direz des nouvelles.

 

 

A suivre, Dans les alcôves de la femme politique

 

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Le café réchauffé c'est terminé

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