Les
humeurs de Toussaint Pothin
Le
bloc-net satirique du lundi 21 janvier 2002
Les
grands départs
Si
à la fin de l'année, les personnalités défuntes se sont précipitées
au portillon à tombeau ouvert - décidément, décembre sentait le
sapin - beaucoup de gens connus ont profité du début de la nouvelle
année pour prendre la poudre d'escampette. Répondant ainsi aux vux de
ceux qui ne les aiment pas. Pour se consoler, ils rappellent que ce sont
bien entendu les meilleurs qui s'en vont les premiers. En l'occurrence,
c'est peut-être vrai. Talleyrand disait quelque chose dans le
genre : "Je reconnais
les gens de talent au nombre de leurs ennemis."
Si
l'aphorisme est juste, les "nominés" de début 2002 sont bourrés
de talent.
A
tout seigneur, tout honneur ; Alain Delon, " lui-même personnellement
"
qui, après avoir pulvérisé les records d'audience sur TF1, au
grand dam de Libération, de Télérama et sans doute, conséquemment,
de l'ineffable correspondante locale du Monde, toujours prête à
prendre les trains en marche ; Delon, disais-je, se range définitivement
des voitures.
Philippe
Meyer - grand
chroniqueur et véritable "esprit libre" (ça change des
ersatz), non soupçonnable de "delonisme" - lui rend hommage
dans Le Point :
"Delon
détonne : il chasse en solitaire dans une société et une époque où,
du banquier au romancier, du fonctionnaire au journaliste, du cinéaste au
politique, du "communicateur" au musicien, rares sont ceux qui
envisagent leur destin en dehors d'une affiliation (et souvent d'un
asservissement) à une bande. Delon est ailleurs.
Hommages
ou railleries ne touchent guère l'intéressé. Son opinion de lui-même
est faite. Ils n'atteignent pas davantage le public. Une minorité sûre
d'elle-même a tourné une fois pour toutes son pouce vers le sable et
proclamé que Delon ne peut plus que trahir le septième art."
Autre
départ : celui du juge Halphen. Unanimisme dans la gauche
plurielle (ah ! Les déclarations de l'olibrius écolo aux
moustaches vertes dont j'ai oublié le nom !). Unanimisme chez les
"chiraquiens" et les "tibéristes" (enfin d'accord).
Le
juge a rendu sa toge. Comme quoi, on peut être juge et parti. Empêché
par le pouvoir politique, diffamé par une presse aux ordres, humilié,
entravé, soupçonné, manuvré, "instrumentalisé", il en a
eu marre de ne pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Il quitte sa
prison dorée et se fait la belle. Hommage lui est rendu par Eric de
Montgolfier, autre empêcheur de "tourner en rond".
S'adressant au Monde, celui-ci déclare éprouver "un peu
de peine à voir Eric Halphen partir, car il a mené des combats
respectables. Je n'ai pas toujours été d'accord avec lui, mais il a eu
le mérite de s'engager", a-t-il affirmé. "Cependant,
ajoute M. de Montgolfier, je regrette sa décision, qui a un côté un
peu désespérant. Il me semble que les combats ne valent que si on les
conduit jusqu'au bout. Mais je reconnais que, parfois, la tentation de
tout quitter, que je ressens parfois moi-même, est grande. Plus on
s'expose et plus elle est forte." Le procureur a également
indiqué que "parmi les raisons invoquées par M. Halphen,
pour justifier son départ, il y en a une (qu'il) partage(ait) complètement
: c'est le fait par un magistrat de constater que certaines entraves
proviennent d'autres magistrats. La censure interne est la plus
difficile à vivre", a-t-il conclu.
Le
ministre des Affaires Européennes du sinistre Berlusconi, met les
bouts lui aussi. Heureux de prendre ses distances avec un exécutif peu fréquentable.
Il a choisi de partir les mains propres. Aux dires d'Alain d'Auvergne, c'était
"un seigneur" : "Renato
Ruggiero n'est pas n'importe qui. Comme Raymond Barre, ce septuagénaire
aux apparences trompeuses est un "homme carré dans un corps
rond". Il a du caractère. Et de la bouteille : juriste, diplomate de
carrière, gros travailleur, intègre, ce Napolitain connaît les rouages
communautaires dans ses moindres détails. On dit, dans les milieux
diplomatiques, que Ruggiero n'en pouvait plus depuis un bon moment déjà.
Aujourd'hui,
son successeur s'appelle... Berlusconi, puisque le président du Conseil a
décidé de remplacer lui-même son ministre. Sans le moindre mot de
reconnaissance."
J'allais
oublier "l'enterré vivant", celui qui a prononcé lui-même son
éloge funèbre.
YSL,
Yves Saint-Laurent pour les intimes. Jolie sortie, sans doute un
poil grandiloquente. Mais le vieux jeune homme n'était pas n'importe qui.
C'était un grand artiste. Un artiste majeur. Bernard-Henri Lévy
le dit mieux que moi dans Le Point : "Ce qui disparaît
avec son départ, ce n'est pas, comme on l'ânonne partout, un "âge"
de la mode, une "époque", éventuellement une "espèce",
celle des "libres créateurs" brimés par les méchants
"financiers". Yves Saint-Laurent... était une bête sans
espèce, un monstre, un prototype ; c'est quelqu'un qui n'avait pas
grand-chose à voir, finalement, avec ces histoires d'époque, d'âge de
la mode, de mode ; c'était un artiste pris dans une logique d'artiste,
qui a choisi, en pleine lucidité, de s'éteindre de son vivant."
Chez
nous, à Lyon, on fait avec ce qu'on a. Grosse médiatisation du "départ",
qui pour l'intéressé n'en est pas un, de Jean-Marc Requien, présenté
comme le "conseiller du maire". Le "gourou de Gérard
Collomb" (dixit quelques journalistes) a beau expliquer que la
mission dont il était chargé avait un terme annoncé depuis belle
lurette, beaucoup dans les médias font semblant de ne pas le croire. Le
Maire qui, lui, sait, s'est fendu lui-même d'un communiqué élogieux.
Trop aux yeux de certains.
Puisque
Jean-Marc Requien est à la fois mon ami et actionnaire de Lyonpeople.com,
on nous permettra de publier des extraits du communiqué du Maire de Lyon
; cela permettra aux lecteurs de Madame Chambard, du Progrès, et
de la "localière" du Monde, ou encore du sieur Simonet,
d'être informés sans que l'info soit passée au filtre de la médisance
et du dénigrement.
"
Je tiens à remercier et à féliciter l'agence et tout particulièrement
son collaborateur, Jean-Marc Requien, pour l'excellent travail qui a été
réalisé.. Grâce à leurs conseils, des économies conséquentes ont pu
être réalisées en termes de fonctionnement comme de moyens. La qualité
des outils de communication a elle-même été considérablement améliorée.
Compte
tenu de la valeur ajoutée qu'il pouvait apporter, j'ai demandé à
Jean-Marc Requien de prendre des responsabilités à la Ville comme au
Grand Lyon, afin qu'il puisse développer les actions qu'il avait initiées.
Il a décliné cette proposition... Je respecte son choix, même si je le
regrette, et le remercie d'avoir respecté son "devoir de réserve"
sur lequel il s'était engagé pendant la durée de la mission confiée à
son agence", dixit
Gérard Collomb.
Cette
année, les meilleurs s'en vont le premier... janvier (ou presque).
Bonne
année à eux.
A
suivre, Le bloc-net du lundi 14 janvier 2002
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