/ TOUSSAINT POTHIN

Les humeurs de Toussaint Pothin 

Spécial Henry Chabert

Me permettra-t-on de dire un mot sur Henry Chabert qui a failli être l'homme de la semaine mais dont le retrait de la vie politique n'a curieusement pas intéressé les grands titres nationaux et semble laisser indif-férents les journalistes lyonnais, à l'exception de ses thuriféraires attitrés et néanmoins attristés qui, sous la signature de Ph. C, nous présentent leur "saint-homme-providentiel-premier-de-la-classe-esthète" comme la victime innocente d'un complot de la médiocratie lyonnaise. Le culte de la personnalité, qui a disparu même en Corée, semble faire encore florès rue Puits Gaillot.

Si l'on ne peut se réjouir des malheurs d'Henry Chabert qui, sans doute, n'a pas fait pire que beaucoup d'autres élus, on peut cependant évoquer son retrait avec lucidité et objectivité.

Il nous explique, et semble en être navré, que la peine de mort existe encore en politique. Bigre, pour une nouvelle, c'est une nouvelle ! Nous fera-t-il croire qu'il ne le savait pas. Chaban, Giscard, Balladur, Barre, Rocard - pour parler des plus célèbres - ont été trahis, calomniés, manipulés, tués par leurs adversaires.

Lui-même n'a-t-il pas tenté de "tuer" son ennemi Fraysse, ou même Barre, ou encore Philip. Ne connaît-il pas ceux qui, depuis six mois, se répandent en rumeurs nauséabondes sur la vie privée prétendument dissolue de tel candidat ou sur l'intégrité d'un autre, pour les travaux réalisés dans les lycées ou pour l'appartement, paraît-il offert à un autre par un promoteur. Rumeurs pas forcément étayées qui ne cherchent qu'à tuer ceux qui sont ainsi calomniés ?

Ne se souvient-il pas de l'arrivée de son ami Michel Noir à la mairie qui, avec l'appui de l'intègre Pierre Botton et de l'illustre Saroca, s'est employé à éliminer, à tuer les politiques proches de l'ex-premier adjoint André Soulier ?

Non seulement les politiques ont été "tués" sans le moindre remord mais on s'est employé à "faire la peau" des non-politiques. Demandez à Fernand Galula, convoqué par Pierre Botton, demandez à Gérard Angel (ci-contre) qui a dû son salut au Progrès, grâce à la protection de Xavier Elie, ce qu'ils ont vécu. Et le pire fut qu'on n'hésita pas à "tuer" des petites mains, dites contractuelles, de la Mairie centrale, qui avaient eu le malheur de travailler de trop près avec André Soulier.

On écœura, on dégoûta, on harcela, on muta sans la moindre vergogne. Certains y perdirent leur santé. C'était la règle du jeu. Personne, à ma connaissance, dans le camp Noir, ne protesta contre des agissements et intimidations indignes.

Aussi, ai-je du mal à ne pas trouver indécent les cris d'orfraie d'Henry Chabert et de ses amis. Même si je lui trouve des qualités, même s'il est intelligent, même s'il est dommage de se priver de ses compétences, même s'il paie alors que d'autres qui ont fait pire que lui n'ont pas été inquiétés, je ne peux m'apitoyer.

Seuls les tueurs réussissent en politique, mais ils doivent admettre qu'ils risquent eux aussi de se faire tuer.

Ou alors, il faut changer les règles. Mais qui est prêt à le faire ? En tout cas, pas Chabert ; "assassiné, mais pas trop" , il risque de se transformer dans le mois qui vient en bourreau, pour en finir une fois pour toutes avec Marc Fraysse (œuvre ô combien salutaire !), et ce n'est pas le magazine M Lyon qui me démentira.  

Ce qui devrait par la même occasion - j'en fais le pari aujourd'hui – permettre à Gérard Collomb d'être élu au 1^er tour dans le 9^ème. Non seulement parce que les sondages le placent en tête mais parce que la position éligible de Marc Fraysse (2^ème de liste) servira d'argument pour mobiliser ses ennemis "chabertistes" qui, non seulement s'abstiendront mais sans doute se donneront le mot pour voter Collomb au 1^er tour. En effet, si la gauche gagne au 1^er tour, la liste Mercier n'aura qu'un élu, en l'occurrence une ex-noiriste, au lieu des deux qui lui seraient acquis s'il devait y avoir deux tours.  

Un candidat de la liste Mercier devant qui j'évoquais cette hypothèse ne put s'empêcher de s'exclamer : "Au moins, on sera définitivement débarrassé de cet olibrius". Ce qui tendrait à démontrer qu'il y a des morts que l'on regrette moins que d'autres.