Olivier de Kermel :
« La parole
d'Hubert Benhamou me suffit ! »
L'éventualité
d'un désengagement du Groupe Partouche dans l'hôtel Hilton a été
évoquée la semaine dernière par Lyonpeople (voir article).
Arrivé de Strasbourg en 1998 pour prendre la direction de l'hôtel,
Olivier de Kermel nous livre son sentiment à ce sujet.
Nous
avons fait état dans nos colonnes d'un possible désengagement du
groupe Partouche dans votre hôtel. Avez-vous des précisions à nous
apporter à ce sujet ?
A
priori, c'est faux pour plusieurs raisons. La première, c'est que ça
n'a aucun intérêt aujourd'hui. L'investissement de l'hôtel
permettant d'avoir un casino - on vient d'avoir l'autorisation
d'implanter deux cents machines à sous. D'autre part, le casino fait
partie intégrante de la structure de l'hôtel, juridiquement et
fiscalement. Il n'y a donc aucun intérêt pour le groupe Partouche
à vendre un casino dont ils veulent faire le premier de France.
Nos
sources d'information concernant cette affaire sont réputées fiables.
Pensez-vous que les Partouche puissent user d'un double langage à votre
égard ?
Non,
car j'en ai discuté directement avec eux. J'ai été au mis au
courant de confidences qui pouvaient même me concerner directement. La
parole d'Hubert Benhamou me suffit.
Quelle
est la situation actuelle de l'hôtel en terme de chiffre
d'affaires ?
On
a réalisé 60 millions de francs de CA l'année dernière, on va faire
70 cette année et 80 l'an prochain. La marge brute de l'hôtel est bénéficiaire
et atteindra 13 MF pour l'exercice en cours. Hors l'hôtel a coûté
- avec le casino - 300 millions de francs HT. Il est évident que sur
un investissement de 300 MF, 5% d'intérêt bancaire représente la
coquette somme de 15 millions d'intérêts finan-ciers annuels. Il est évident
qu'actuellement le résultat de l'hôtel ne couvre pas
l'amortissement. D'où l'intérêt d'avoir un casino.
Quel
est son taux d'occupation ?
Sur
les six premiers mois, on tourne à 60%. Sachant que ce même taux
avoisinait les 40% l'année dernière.
En
comparaison, quel est celui du Sofitel ?
Le
Sofitel doit être à 68% cette année. Avec 30 ans de connaissance
du marché...
L'écart
est en train de se réduire... Pour votre plus grand plaisir, finalement ?
Oui
et non. Oui, parce qu'on monte et non, parce que le Sofitel
progresse régulièrement depuis qu'on est là. En créant le Hilton,
notre but n'était pas d'aller grappiller un petit peu au Sofitel,
au Concorde ou au Méridien mais de créer une vraie
dynamique de marché. Ce qui est le cas, puisque tous les établissements
que je viens de citer ont progressé en terme de CA et d'occupation
depuis qu'on est là.
La
rumeur récente du rachat du Hilton par le groupe Accor est donc infondée.
C'est la seconde fois qu'elle refait surface, pourquoi ?
Il
peut y avoir beaucoup de pistes : des gens que ça peut intéresser
de déstabiliser un marché - le groupe est côté en bourse. L'arrivée
des machines à sous peut plaire ou bien déplaire. Cela ne vaut pas la
peine d'aller chercher beaucoup plus loin.
Le
patron d'Accor, Gérard Pelisson, s'était porté acquéreur du
Hilton, il y a quelque temps...
Peu
de temps avant notre ouverture, Gérard Pélisson avait déclaré dans la presse qu'il comptait racheter le Hilton en faillite au bout
d'un an. Ce à quoi Hubert Benhamou lui avait répondu par même voie de
presse que « l'amertume était mauvaise conseillère ».
Je pense qu'il y avait une déception réelle de la part du groupe Accor
de ne pas avoir la Cité Internationale et le palais des congrès d'une
ville dans laquelle il a beaucoup investi. Quand on a eu besoin de lui à
Ecully, on est allé le chercher et il est venu. Il pouvait y avoir une légitimité
à avoir un peu d'amertume dans ce cas-là. Mais je pense surtout qu'à
l'époque de notre ouverture, tout le monde nous prédisait 20% de taux
d'occupation et que l'hôtel ne marcherait jamais. Comme on nous avait
prédit que le cinéma fermerait au bout de six mois, alors que c'est
aujourd'hui la première réussite après Paris.
A
suivre, Marie
Pervenche, invitée surprise de la biennale...
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