Dieudonné :
une calculette sous forme de provo !
De notre correspondant
François Pill
Dieudonné se présente comme un artiste
damné ; mais en creusant la couche
superficielle, on se rend vite compte que
l'humoriste est un fin calculateur qui prépare
avec minutie chacune de ses provocations.
Le « soi-disant » humoriste Dieudonné
a tenu une conférence de presse à Lyon, le 28
janvier suite à l'annulation de son spectacle à la Bourse du Travail
prévue initialement le 5 février. Il s'est
présenté avec son look de commerçant parvenu de
sous-préfecture, devant de nombreux journalistes
avides de recueillir quelques réactions du
principal protagoniste d'une affaire qui secoue
le PAF depuis plus d'un mois. Petit rappel des
faits : au cours de l'émission de
Marc-Olivier Fogiel le 1er
décembre, il a présenté un sketch dans
lequel il incarnait un rabbin nazi. Contrecoup
de cet épisode, cinq villes (Voiron, Roanne...)
à l'instar de Lyon ont jugé préférable d'annuler les
représentations de son one man show « suite à
des pressions de la Fédération Sioniste de
France » (sic). A Lyon, Patrick
Huguet, maire du troisième arrondissement
(où se trouve la Bourse) a demandé à Gérard
Collomb de supprimer la représentation par « peur de
trouble à l'ordre public ».
L'affaire « Dieudonné » a également eu des
répercussions au niveau médiatique, puisque dans
l'émission de la grande journaliste de société
Evelyne Thomas sur RMC, le comique
a déclaré qu'il se « torchait avec le drapeau
israélien ». Comme si la campagne offensive
de communication de Dieudonné n'avait pas assez
bien fonctionné, il vient d'assigner Fogiel
devant les tribunaux pour la diffusion de faux
sms durant l'émission. Dernier élément en date,
la future confrontation judiciaire entre les
enfants terribles de TF1, Cauet et
Arthur (qui selon mytho-Dieudo finance
Tsahal via Endemol) puisque le premier
assigne le second pour l'avoir traité
d'antisémite sur l'antenne de Fun Radio
suite à la présence du comique dans sa matinale
d'Europe 2.
Dieudonné se présente comme l'éternel maudit de
l'humour français. Selon lui, on le condamne
parce qu'il est le seul humoriste noir. Un
argument facile et pas vraiment original
puisqu'il le martèle depuis sa séparation avec
Elie Semoun (qui depuis l'assimile à un
« Le Pen » de gauche). Une victimisation poussée
à outrance lorsqu'en débutant sa conférence de
presse, il clame que l'annulation de ses
spectacle pourrait « avoir des répercussions
économiques douloureuses pour sa femme et ses
trois enfants ». La ficelle est un peu
grosse quand on sait que le pseudo-prolo roule
grosse berline allemande et possède plusieurs
biens immobiliers obtenus grâce à de fins
calculs. Selon l'Express du 19 janvier,
« sa rupture avec Elie est avant tout une
histoire de business. Sur certains galas, il
arrivait trop souvent que le fifty-fifty entre
les deux partenaires se résume à 10% pour Semoun ».
Toute cette affaire s'apparente donc à un
énorme coup de pub orchestré par le calimero de
l'humour. En
effet, depuis la diffusion de l'émission, pas un
jour ne se passe sans qu'un média n'évoque
l' « affaire Dieudonné », une omniprésence qui
pourrait éventuellement faciliter le remplissage
des salles de spectacle. Dommage pour Dieudonné
qui n'avait pas besoin pour une fois d'un tel
tapage étant donné que pour la première fois son
spectacle « Le divorce de Patrick » recevait des
critiques élogieuses. Mais visiblement l'artiste
préfère le souffre aux compliments !
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