Anciens combattants : les people aux abonnés
absents
De notre correspondant Julien Berthet
Pour la petite dernière des cérémonies
militaires - en l'honneur des soldats morts lors
de la guerre d'Algérie et des combats au Maroc
et en Tunisie -, seules des « autorités » de
seconde zone ont bravé le froid de gueux qui
nimbait le Parc de la Tête d'Or. Pas de tête
d'affiche. Pour boire le beaujolais nouveau, ça
se presse au portillon du Sofitel. Pour honorer
ceux qui sont morts au combats, le cortège est
plus clairsemé.
A l'approche des fêtes de fin d'année, le
marketing déborde d'inventivité pour que les
caddies se tapent une crise de foie. Pour que
les sapins soient attaqués par des commandos de
cadeaux ; Les organisateurs de soirées emboîtent
le pas et rivalisent d'imagination pour que
leurs évènements en tout genre décoiffent ;
qu'ils soient « hype ». En décembre, la palme de
la soirée - ou plutôt de la matinale - à ne pas
rater est décernée à... l'Armée de terre. Si, si !
La nouveauté quasi hivernale se tenait devant
l'immuable Monument des enfants du Rhône, à
l'entrée de du Parc de la Tête d'Or. Pas de
sponsor anisé ou de DJ parisien tout juste
descendu de son TGV. Uniquement du drapeau
tricolore, de la fanfare et du militaire par
bataillon. De quoi faire pâlir de désir une
légion de catherinettes !
Dimanche 5 décembre, la France - ou plutôt sa
micro réplique rhodanienne - rendait hommage à
ceux qui sont morts pour la France lors de la
guerre d'Algérie, des combats au Maroc ou encore
en Tunisie. En 2002, la première livraison avait
vu le jour à Paris, initiée par le Président de
la République. Depuis toutes les communes
doivent en faire autant. Lyon s'y est
engouffrée ; et comme d'habitude, c'est à la
lyonnaise...
Manuel du parfait candidat, chapitre I :
« Aucune cérémonie militaire, tu ne rateras.
Devant le monument, une gerbe tu déposeras. Aux
anciens combattants, des pinces tu serreras et
des votes tu engrangeras ». Bien évident la
traduction lyonnaise est imparfaite.
A moins que ce ne
soient les lecteurs de cette bible... En
effet, aucun des deux titans dont le choc est
annoncé pour 2008 n'était de la partie. C'est
Evelyne Haguenauer, adjointe aux personnes
âgées, qui représentait le Maire de Lyon. Son
rival annoncé, le Ministre de la justice,
n'a pas fait mieux alors que, en général, il ne
rate pas une occasion de marquer Gérard
Collomb à la culotte : pourtant conseiller
général du 6e, c'est celui du 3e,
Lionel Lassagne, qui représentait le
Département du Rhône. Et le jeune élu a
d'ailleurs réussi avec succès son baptême du
dépôt de gerbe. Vérification faite, elle avait
bien été passée au cirage. La Région a aussi
brillé par son absence. Pas mieux du côté du
député du coin, Christian Philip, dont
seule la suppléante, Marie Chantal
Desbazeille était présente. En revanche,
l'autre député de la rive gauche, Jean-Michel
Dubernard, accompagnée de sa charmante
suppléante, Laure Dagorne, avait lui fait
le choix d'être présent.
Ce happy few, emmené par le nouveau gouverneur
militaire de Lyon, Thierry de Bouteiller,
et le Préfet du Rhône, Jean-Pierre Lacroix,
a pourtant eu droit à une belle cérémonie
militaire réglée comme une horloge suisse.
Trente cinq minutes avec entrée, plat, dessert.
A la fois copieux et léger. Juste ce qu'il faut
de « Marseillaise », de remise de décorations et
d'allocutions. Le tout entrelacé d'émotion pour
ceux qui furent les soldats oubliés d'une guerre
qui mit du temps à s'afficher comme telle. En
revanche, pas de cocktail au chalet du Parc.
Alors les « autorités » - comme les appellent
les militaires - se sont dispersées dans la
nature. Qu'à cela ne tienne, les anciens
combattants, eux, ont investit la buvette,
devant le Parc de la Tête d'or. Et le petit
blanc du matin avait un goût de victoire.
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