« Salope » peut rapporter gros
!
Par Marc Polisson
Cela fait dix huit ans qu'elle émet... et cinq jours qu'elle existe. La
boulette télévisée de Patrick Devedjian à l'encontre d'Anne-Marie
Comparini est l'occasion inespérée pour TLM de sortir enfin un scoop.
Une bonne affaire à court terme seulement. Décryptage.
C'est triste comme un jour sans pain mais c'est leur quotidien. Tous les
matins, les journalistes de TLM pigent Le Progrès. Vous avez donc
droit à la version télévisée du quotidien le soir même. Rien de plus
facile à vérifier, ça vous fera même sourire avant de carrément vous
énerver. Bref rien de bien palpitant pour une rédaction dont le cur - à
l'image de ses présentateurs « vedette » - bat à deux à l'heure. C'est
dans ce contexte qu'il faut appréhender l'affaire Comparini. Tout
s'emballe lorsqu'un JRI revient de Paris avec « The info » captée lors
d'un reportage (réalisé dans les jupes du Progrès) sur les députés
du Rhône s'installant à l'Assemblée nationale. On y voit Renaud
Muselier, député UMP des Bouches-du-Rhône, présenter Michel Havard
à Patrick Devedjian, en expliquant qu'il a battu Anne-Marie Comparini.
Après avoir félicité le nouvel élu, M. Devedjian conclut: "Cette salope
!" en se marrant. Ça aurait du rester du domaine de la conversation
informelle et potache mais manque de chance pour Devedjian, il y avait ce
jour-là des piles dans la caméra et dans le cur du journaliste qui a
failli en avoir une attaque. Un coup de TGV et voilà notre héros en pleine
discussion avec sa rédaction en chef. « Passera ou
passera pas ? » Michel Havard a demandé à la chaîne lyonnaise de
couper la séquence au montage mais la direction giscardienne de TLM, consciente d'avoir levé un
gros lièvre, a choisi de passer outre. Nulle intention de notre part de
« couvrir » Patrick Devedjian qui n'a jamais eu (et n'aura jamais) les
manières d'un gentleman, mais si au cours de conversations à bâtons rompus
avec les élus lyonnais, nous avions dû relayer ce type de saillie, on
passerait notre temps à la maternité ! Les anciens nous ont appris les
bonnes manières : dans le métier, il y a ce qu'on peut répéter et ce qu'on
garde pour soi, le « off » et le « on ». « Mais pas facile d'appuyer
sur le bon bouton quand on a les fils qui se touchent ! Les
journalistes de TLM sont désormais tricards chez les amis de la majorité
présidentielle comme chez les tenants de l'opposition qui se gargarise
aujourd'hui. Tout ce petit monde sait désormais qu'on ne peut pas leur
faire confiance » nous a confié un vieux routard des médias lyonnais.
Bref, depuis une semaine, ça occupe les rédactions et les partis
politiques qu'on sentait un peu désuvrés depuis la fin de la campagne
législative. Les groupes UDF, PS, Verts, PC, PRG, non apparentés ainsi que
quatre élues de l'UMP du Conseil régional Rhône-Alpes ont condamné
vendredi les propos du secrétaire général délégué de l'UMP. "Les élus
du conseil régional condamnent avec la plus grande fermeté les propos
inqualifiables tenus hier par M. Patrick Devedjian, secrétaire général de
l'UMP, à l'encontre d'Anne-Marie Comparini, conseillère régionale et
ancienne présidente de la Région", indiquent les élus dans une
déclaration commune rapportée dans un communiqué du groupe UDF à la
Région. "Ils tiennent à affirmer leur solidarité avec leur collègue et
à rappeler que le débat public n'a rien à gagner de ce type d'attitude et
de déclaration qui déshonore leur auteur autant qu'il pollue le dialogue
républicain", ajoutent les élus, qui ont voté le texte en assemblée
plénière. "Cette déclaration a été approuvée ce vendredi matin par
l'ensemble des élus composant le Conseil régional, à l'exclusion du FN et
de l'UMP, qui n'ont pas daigné participer au vote, sauf Mesdames
Fabienne Lévy, Annick Buisson, Agnès Chanal et Nicole
Guillermin, qui l'ont votée", précise le communiqué. Jeudi soir,
dans un communiqué, M. Devedjian a indiqué "regretter son interjection
déplacée à l'égard de Mme Comparini". Cette dernière a demandé
vendredi que le responsable de l'UMP "s'excuse publiquement".
Nicolas Sarkozy, en déplacement à Lyon vendredi, a estimé quant à lui
que "ce n'était pas une façon de parler aux femmes", tandis que la
garde des Sceaux, Rachida Dati, qualifiait cette insulte d'"intolérable",
lors d'une visite au Palais de Justice de Paris. Rien que ça !
|