Femmes
lyonnaises
Jean-François
Mesplède - Le Progrès du mercredi 13 février
La
fin d'une époque
Les
étoiles de la Mère Brazier et de la Tour Rose faisaient partie du
paysage. Il faudra sy faire : le Guide Rouge vient de les décrocher.
A
La Tour Rose, l'étoile était depuis longtemps. Très précisément
depuis 1978, où Philippe Chavent passé au moule Bocuse
pour n'en retenir que l'essentiel, ralliait tous les suffrages. Pierre
Gagnaire se souvient encore et combien avec lui, des émotions
ressenties dans cette belle maisons édifiée dans un ensemble
Renaissance. La roue tourne qui emporte les souvenirs...
Chez
La Mère Brazier, l'étoile était là de toute éternité. Unique
depuis 1975, mais en place depuis qu'Eugénie Brazier partageant
son temps entre la rue Royale et le col de la Luère avait réalisé un
doublé d'anthologie : trois étoiles dans chacune de ses maisons
dans le guide Michelin de 1933.
Au
col de la Luère pour Eugénie, relayée par Gaston à Lyon, les étoiles
avaient perduré. Trois ou deux, jusqu'en 1975 donc où Bibendum
sanctionnait une sorte de relâchement.
Aujourd'hui,
c'est la fin d'une époque qui laisse Jacotte Brazier,
petite-fille d'une illustre Mère, pantoise et meurtrie : « Que
penser ? Que je l'ai sans doute mérité, car on n'enlève pas
une étoile pour rien. »
C'est
le temps des questions. « C'est lourd sur mes épaules et je
n'étais sans doute pas au mieux de ma forme. Peut-être une baisse
d'envie » dit-elle. Lourd d'assumer ainsi un héritage qui
ne concerne sans doute plus une jeune génération davantage avide de
nouveautés que d'immuables fonds d'artichauts au foie gras, de gratin
de quenelle et de volaille demi-deuil.
Avec
cette étoile envolée, n'est-ce pas une page de l'histoire de la
gastronomie lyonnaise qui se tourne ? Hier, Jacotte Brazier n'avait
pas de réponse à la question. Tous ceux qui ont envie de cette irremplaçable
cuisine de mère peuvent la lui apporter. Avec ou sans étoile !
A
suivre, Maître Marie-France Auclair-Conan : un sourire s'éteint...
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