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TF1.fr - Renaud Pila - Lundi 10 janvier 2005
Rescapés du tsunami,
ils rouvrent "leur île" dans un an
Trois jours avant la catastrophe, un couple de
Lyonnais et quelques amis avaient ouvert seize bungalows sur une île
vierge, près de Ko Phi Phi, en Thaïlande. La mer a tout ravagé mais ils
ont décidé de poursuivre cette expérience d'écotourisme, devant le courage
des habitants de Koh Jum. Témoignage.
Janine
a la quarantaine. Elle est professeur de reliure, son compagnon travaille
lui par intermittence dans l'audiovisuel. Mais ces deux dernières années,
ils les ont plutôt consacrées à la réalisation d'un rêve. " Tout est
parti d'un fantasme qu'ont plein de gens. Depuis toujours, on adore
voyager et on s'est toujours dit qu'un jour, si on trouvait un petit bout
de terrain, on aimerait s'y poser. Un ami d'enfance qui habite Bangkok
nous a emmené il y a trois ans dans le sud de la Thaïlande. On s'est un
peu renseigné sur les terrains à vendre dans les îles mais sans projet
concret. Et puis on est tombé sur Koh Jum. Une petite île quasi vierge,
sans électricité et sans eau courante. On a craqué car ça nous rappelait
l'Inde d'il y a vingt ans, avant le boom du tourisme ".
En association avec
quelques amis, ils décident d'acheter trois hectares au bord de la plage.
Leur souhait, défricher le terrain et installer là quelques bungalows avec
l'aide des villageois et dans le respect du site.
" En
réalité, on voulait construire exactement l'endroit que l'on aurait aimé
trouver en tant que voyageurs. A la fois nature et confort. On a dessiné
toutes les installations et c'est un îlien qui a pris en charge les
constructions. On s'était renseigné sur la région; c'était une zone
non-cyclonique et non sismique mais un raz-de-marée, qui aurait pu
l'envisager ? On a essayé de construire un lodge le plus écologique
possible, avec des matériaux naturels trouvés sur l'île. On n'a pas voulu
faire comme sur Koh Phi Phi et ses constructions à l'occidentale sans
permis de construire".
"Ils
sont devenus très fiers de cet endroit"
Amoureux de la
nature, Janine et Carlo le sont aussi des habitants de Koh Jum. " Dès
le départ, notre souhait a été de ne travailler qu'avec des gens de l'île,
pour construire ce projet avec eux. Ils ont d'ailleurs été heureux de
notre installation car ils n'avaient plus à partir pour trouver du
travail. Mois après mois, ils sont devenus très fiers de cet endroit car
le bouche-à-oreille a fonctionné sur ce qu'on avait essayé de créer. Un
lieu un peu à part. On a voulu essayer de tisser des liens entre les
visiteurs et les villageois en installant chaque semaine un cinéma en
plein-air, ouvert à tous. On a mis en place une bibliothèque dans le lodge,
également ouverte à tous. Elle a été détruite mais j'ai déjà recommandé
les livres sur internet. On a aidé et sponsorisé l'équipe de foot des
jeunes de l'île. Tout ça était très chaleureux "
L'ouverture de
kohjumlodge a eu lieu trois jours avant le drame qui n'a miraculeusement
tué personne sur l'île. " Toute la côte ouest de cette région a été
ravagée mais notre chance, c'est que les deux vagues se sont cassées sur
Koh Phi Phi et sont venues mourir chez nous, avec quand même une hauteur
de deux mètres. Ce matin-là, vers onze heures, après quelques remous, la
mer s'est retirée soudainement sur plusieurs centaines de mètres, comme au
Mont St-Michel. Nous avons pris peur et avons tous couru dans l'île. Une
première vague a frappé la plage. Puis une seconde a tout ravagé, sauf
trois bungalows. C'est à peine croyable mais seuls quelques villageois ont
été blessés. La stupeur passée, la réaction des habitants a été
extraordinaire. Quelques heures à peine après le raz-de-marée, ils
déblayaient la plage. Et les vingt-cinq personnes qui travaillent avec
nous ne nous ont pas laissé le temps de réfléchir : " on reconstruit tout
le plus vite possible ". Alors que certains avaient perdu des amis ou de
la famille ailleurs, cet élan nous a bouleversé. On n'a pas pensé une
seconde renoncer devant tant de courage et de générosité. Nous avons
découvert une " seconde famille ".
Si certains pays
touchés ont tardé à réagir face à l'ampleur du drame, la Thaïlande a
montré une organisation exemplaire, ce que confirme Janine.
" Pendant deux ou trois jours, on n'a pas vraiment su ce qui c'était
passé. Les réseaux de portables étaient saturés et la rumeur sur l'île
évoquait un séisme en Birmanie. C'est en arrivant sur le continent qu'on a
compris, en voyant les images de CNN. Mais les autorités ont été très
efficaces. Très vite, elles ont dépêché des fonctionnaires pour voir
l'étendue des dégâts et des besoins sur l'île. Elles nous ont promis toute
leur aide pour la reconstruction.
Nous
sommes plein d'énergie aujourd'hui. Rendez-vous l'année prochaine, à Noël.
Après l'élan de générosité financière indispensable, le meilleur soutien
que l'on puisse apporter à ces populations, c'est de revenir en Asie du
sud-est pour aller à la rencontre de tous ces gens formidables
d'humanité. »
A
suivre, Des pompiers du Rhône organisaient des orgies sexuelles dans
leur caserne
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