Faits
Divers
Sophie Raguin
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Le Progrès du 8
avril 2002
L'hôtel Hilton
perce à jour des escrocs
Escrocs bien organisés, trois hommes et deux femmes d'origine africaine
ont mené grand train de vie à l'hôtel Hilton pendant trois jours, avant
que la direction, vigilante, les démasque et fasse intervenir la police.
Agés entre 35 et 41
ans, d'origine zaïroise et camerounaise, un homme et deux femmes, dont une
enceinte manifestement, ont été présentés à la justice hier. Le parquet a
requis le mandat de dépôt à leur encontre pour « escroquerie», «
contrefaçon de chèque et usage», « recel ». Accompagnés de deux autres
hommes également d'origine africaine et qui ont disparu depuis, les trois
suspects, parlant couramment français, étaient arrivés à l'hôtel ****
Hilton, 70 quai Charles-de-Gaulle, dans la Cité internationale,
à Lyon, mardi, vers minuit.
Depuis
un « business center » à Zurich en Suisse, ils avaient réservé fin mars
une suite et deux chambres pour un séjour de dix jours, moyennant un prix
respectif de 525 et 270 euros la nuit. Mais ils n'en auront profité que
trois jours. Ayant appris à être vigilante, la direction les a démasqués
avant que le préjudice ne prenne trop d'ampleur. Il s'élève malgré tout à
7.090 euros car les clients avaient, comme on a pu le comprendre, des
goûts de luxe.
Ils se faisaient monter leurs repas : pièce de buf, côte-rôtie et champagne. Dans l'addition aussi, de nombreux coups de
téléphone passés à l'international, en Afrique du Sud, au Zaïre, en
Belgique, en Suisse... Jouant les V.I.P. exigeants sans être crédibles, se
prétendant tour à tour comme agent commercial, diplomate ou se faisant
appeler « docteur », les visiteurs n'ont pas trompé le personnel. «
Tout sonnait faux », explique Olivier de Kermel, directeur
général de l'établissement, confiant être confronté à ce genre d'affaire «
en moyenne une fois par an ».
La confirmation de cette intuition viendra d'un chèque de caution envoyé
par les voyageurs. Un chèque de la Barclays Bank à Londres, émis par une
société dénommée Global Assistance. Sensé endormir la méfiance de l'hôtel,
l'ordre de paiement a au contraire éveillé ses soupçons car, bien qu'à
l'ordre du Hilton, il portait un montant dactylographié préétabli de
27.300 euros, correspondant étonnamment à aucune estimation logique.
Grâce à ses
investigations, la direction est parvenue à apprendre rapidement qu'il
s'agissait d'un chèque volé en Angleterre. Avisée, la police lyonnaise est
venue procéder aux interpellations vendredi soir, vers 22 heures. Seuls
des trois des cinq suspects étaient présents. Les deux manquant n'ont pas
reparu. Le même soir, l'hôtel réceptionnait un fax d'Afrique du Sud lui
demandant d'acheter pour le compte de ces individus trois billets d'avion
à destination de Johannesburg en vue d'une soi-disant conférence le lundi
8 avril.
D'après les premiers éléments de l'enquête, le petit groupe de complices,
apparemment bien organisé, baignait dans les agissements frauduleux, sans
doute dans le cadre d'un réseau. Un deuxième chèque volé a été trouvé en
leur possession, d'un montant de pas moins de 37.000 euros, destiné à un
garage automobile suisse. On sait par ailleurs qu'ils ont essayé
d'acquérir avec une carte bancaire pour environ 4.000 euros de parfums
chez un commerçant lyonnais, qui n'a pas été dupe. Ils prévoyaient aussi
semble-t-il une arnaque similaire au détriment du Hilton de Bruxelles et
de celui de Genève. Dans ce dernier, ils avaient réservé pour un proche
avenir deux chambres et deux suites, dont une présidentielle.
A
suivre, Saint-Jean : un paroissien sans foi, ni loi...
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