Les
médias lyonnais
Sophie Conrard - La Croix du mercredi 8 février 2006
Gérard Lignac se bâtit un empire
dans la presse régionale
A 78 ans, le PDG du groupe L'Est
républicain s'impose comme une figure majeure de la presse régionale. En
partenariat avec le Crédit Mutuel, il prend le contrôle du pôle
Rhône-Alpes de la Socpresse vendu par Serge Dassault, qui comprend
Le Progrès de Lyon, Le Dauphiné libéré et Le Bien Public.
Chez les Lignac, la presse est une
affaire de famille. Gérard Lignac, actuel PDG du groupe L'Est
Républicain, est le fils d'un médecin de Nancy ayant investi dans la
presse dès 1922. « Le grand seigneur », ainsi que le surnomment les
Nancéiens, est aux commandes du groupe depuis plus de vingt ans. Diplômé
de Sciences-Po Paris, titulaire d'un master de business administration
à Harvard, Gérard Lignac n'était pas destiné à travailler dans cette
branche. Sa carrière commence chez Thomson où il passe plusieurs
années avant de rejoindre la Compagnie
des freins et signaux Westinghouse,
en 1963. Il en aurait gardé une véritable passion pour les chemins de fer.
En 1966, il intègre le conseil d'administration de l'Est Républicain
dont sa famille possède des parts. Il en prendra tête en 1983 au terme
d'une âpre bataille entre actionnaires. En rachetant le pôle Rhône-Alpes
de la Socpresse (1), cet homme, réputé pour son
élégance vestimentaire, devient désormais une figure majeure de la presse
régionale. Il contrôle ainsi la quasi-totalité des médias des régions Est
et Rhône-Alpes, à l'exception de l'Alsace et du Républicain
lorrain. Un appétit qu'il justifie par les difficultés que traverse la
presse quotidienne. « Il est important de regrouper les moyens pour
tenir face à la concurrence d'autres médias », explique-t-il, et,
comparant la structure de la presse régionale à celle des chemins de fer,
il ajoute : « Au début, il y avait une multitude de compagnies et,
ensuite, seulement la
SNCF. »
Il devra cependant redresser les
finances du nouveau groupe, en déficit, en raison notamment des mauvais
résultats du Progrès de Lyon. Pour ce qui est de la politique
éditoriale de son nouvel empire, il entend « préserver l'identité et
les spécificités des différentes régions concernées ». Peu friand de
la presse gratuite et dubitatif quant à la rentabilité des télévisions
locales, il devra se prononcer sur l'avenir de Lyon Plus et la
chaîne Télé Lyon Métropole. En l'élevant du rang d'officier de
l'ordre de la Légion d'honneur en 2003, le président Chirac avait
salué « l'homme d'un journalisme moderne, ayant opté pour une forte
implication de la presse dans la vie sociale ».
(1) Le Crédit mutuel
paiera entre 270 et 285 millions d'euros le rachat du pôle Rhône-Alpes de
la Socpresse en échange de 49% du capital du nouveau groupe de presse du
Grand Est.
A
suivre, Ces Lyonnais nostalgiques du Roi de France
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