Personnalités Lyonnaises

Jean-Pierre Vacher - Lyon Figaro du samedi 20 janvier 2001

Charles Mérieux, entrepreneur et visionnaire

Clin d'œil de l'histoire, Charles Mérieux meurt l'année suivant la disparition de toute référence au nom de « Mérieux » dans l'intitulé du leader mondial des vaccins. La dénomination « Pasteur Mérieux Connaught » a laissé place en 2000 à « Aventis Pasteur ». Un changement symbolique dont il avait été « mortifié, d'autant que c'est lui qui était allé chercher Pasteur et qu'en matière de vaccination, Mérieux était beaucoup plus important » avoue Guy Malher, l'ancien président de la chambre de commerce et d'industrie de Lyon et surtout ancien patron de Pasteur Mérieux et de Rhône Mérieux (Mérial aujourd'hui). 

Mais Charles Mérieux n'était pas homme à ressasser le passé ou à étaler ses états d'âme. Il n'avait d'ailleurs pas manqué d'assister le 25 Avril dernier, par une très belle journée de printemps, à l'inauguration du nouveau siège social mondial d'Aventis Pasteur à Gerland. Le temps de voir, outre la vue imprenable sur le confluent depuis la terrasse de l'immeuble, que la salle du conseil au dernier étage du bâtiment avait pris le nom de Charles Mérieux ...

Charles Mérieux était du style fonceur et toujours préoccupé par l'avenir. « Bien que né au début du XXème siècle, c'était un lyonnais du XXIème siècle », ajoute Guy Malher qui a travaillé plus de 40 ans avec lui. « Aujourd'hui, j'éprouve comme tous ses collaborateurs, un immense chagrin ». Après l'avoir vu jusqu'à ses derniers jours, l'ancien président de la CCI peut témoigner que, jusqu'au bout, Charles Mérieux aura travaillé d'arrache-pied. « Il y a quelques jours, il dictait encore des courriers aux plus hautes autorités de l'Etat sur des sujets qui lui tenaient à cœur comme les problèmes de santé en Afrique », note Guy Malher. 

Cette soif d'action et d'entreprendre constitue l'un des traits dominants de sa personne. « J'ai mangé du lion, c'est moins dangereux que du bœuf ! ». Ainsi Charles Mérieux concluait-il début 1997 un courrier à Jean-Jacques Bertrand, le Patron d'Aventis Pasteur, pour lui demander de « foncer » sur un projet lyonnais qui lui tenait à cœur. A plus de 90 ans, le « Docteur Charles Mérieux » avait gardé son âme de pionnier et de défricheur. Surtout, il ne manquait jamais une occasion de transmettre sa foi et sa flamme aux jeunes générations qui avaient pris sa suite.(...)