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Serge Pueyo - Le Figaro du samedi 4 mars 2006
Les Russes, vaches à lait de Courchevel
Un article du
célèbre quotidien russe Izvestia a mis la station de Courchevel en
émoi il y a quelques semaines. Titre du papier : « Se faire arnaquer à
Courchevel ? Les Russes adorent ! ».
Un sacré pavé dans
la mare lorsqu'on sait que le Saint Trop' des neiges mise énormément sur
cette clientèle fortunée pour remplir, principalement en janvier, les
quatorze 4-étoiles de la station. L'article au vitriol de notre confrère
russe débute par ces lignes : « Courchevel s'éteint. La station n'est
plus à la mode. En Russie n'importe quel employé, n'importe quelle
secrétaire vous le dira : Les Français sont âpres au gain, le service est
minable, le personnel vous escroque et les prix exorbitants ont été faits
pour des nouveaux riches mal dégrossis. » (...)
Les langues se
délient peu à Courchevel. Dès que l'on commence à parler des Russes, le
sujet devient tabou. « Les gens qui profitent ici du filon ne vont pas
scier la branche sur laquelle ils sont assis en reconnaissant qu'ils
profitent de cette mine d'or bien au-delà du raisonnable », lâche un
moniteur de la station. « La bouteille de vin rajoutée sur la note, le
café compté en trop, tout cela est caractéristique des pratiques du lieu
et cela ne changera jamais », affirme Izvestia. (...) Eric
Tournier, qui tient pas moins de sept restaurants à Courchevel,
s'indigne : « En vingt ans, je n'ai jamais entendu parler de telles
pratiques. Je ne vois pas l'intérêt de faire ce genre de chose, à part se
griller. Nous nous battons pour avoir ces clients. Si les Russes
choisissent Courchevel, c'est parce qu'on leur propose un produit que l'on
ne trouve pas ailleurs. Certes, Courchevel vit grâce au luxe, mais on
essaye d'avoir un bon rapport qualité/prix. » Au Chalet de Pierres,
restaurant réputé installé sur les pistes, la patronne Yvette Saxe
se défend de prendre les Russes pour des vaches à lait. « Ces gens-là
exigent des produits, des prestations qui sortent de l'ordinaire.
Forcément, tout cela a un prix. Et les tarifs affichés sont en rapport. On
ne peut pas dire que l'on tue la poule aux ufs d'or. » (...)
Certains font remarquer que certains Russes ont choisi cet hiver d'autres
stations de la Tarentaise. « Peut-être en ont-ils marre de se faire
remarquer à Courchevel », lâche, un sourire en coin, un professionnel
du tourisme de Val-d'Isère...
A
suivre, Infogrames respire
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