Personnalités
Lyonnaises
Philippe Chaslot et Raphaël Ruffier - Lyon Capitale du 20 novembre 2002
Péguy, Lully, Whisky...
Alexandre Boritch se définit comme un Russe blanc souvent noir. Chez
lui, il y a de la provocation, de l'humour, de l'insupportable mais aussi
du cur et la recherche parfois juste d'une esthétique perdue. Ses
logiques surannées et sa volonté farouche de ne pas adhérer à son époque,
prêtent à ce Lyonnais - longtemps dirigeant d'Action Française - l'image
d'une caricature quand il est plutôt la sanguine d'un monde englouti.
Royaliste, vous êtes régulièrement insultant avec la République que
vous traitez de gueuse...
La République n'a pas commencé en nous envoyant des fruits confits ! J'ai
un amour très violent pour la France. Je suis violent avec le système
républicain mais, dans l'histoire, elle n'a pas épargné ma famille, à
chaque génération il y a eu des fusillés, des mises au cachot, du côté
russe et du côté français. Et moi aussi, à 34 ans, elle ne m'a pas épargné
non plus. J'ai été viré de tous les bahuts lyonnais parce que je gravais
des fleurs de lys sur les bureaux et que je contestais les livres
d'histoire.
Qu'est-ce qui vous énerve autant dans le monde contemporain ?
Tant de choses, des grandes surfaces aux émissions débiles de TF1 ! Et
ce qui m'embête chez mon agent de change, ce n'est pas tant qu'il me
refuse des crédits mais surtout son éternelle chemisette jaune à manche
courte qu'il porte avec des cravates à canards. La promiscuité des choses
tièdes ou médiocres m'insupporte. Ce que je refuse aussi c'est de
travailler. J'ai du respect pour ces petits crétins qu'on croise dans le
TGV avec des ordinateurs. Mais Mon Dieu ! Merci de ne pas être comme ça !
Vous ne travaillez pas ?
Je refuse cette notion. Travailler n'a jamais tué personne mais pourquoi
prendre le risque ? Je fais des affaires, du courtage. Je m'y connais en
tableaux anciens et je sais me remuer le cul quand j'ai besoin de 100.000
balles. (...)
Vous aimez la nuit. Quels lieux fréquentez-vous ?
Je fréquente les boîtes hyper-pourries. J'adorais La Petite Taverne quand
la moquette sentait l'omelette froide. Et Le Meddley aujourd'hui, c'est
extraordinaire, c'est la misère humaine et j'y danse torse nu. J'ai un
copain travelo là-bas, Mike. Mais les apéros du Fish, c'est comme l'àKGB,
ou le tunnel sous la Manche, ça mérite un suicide collectif ! Les gens ne
sont pas beaux, ils n'ont pas d'allure, leurs voitures sont moches. C'est
la vulgarité pure, on y voit des Rolex en or que je n'oserais même pas
offrir à ma concierge. Mon quartier général, c'est la Buvette des
Célestins du quai Saint-Antoine. Dans ma bande que les gauchistes
appellent les voyous de la haute, on est de dix à vingt bons bringueurs.
Quelquefois vous faites même scandale - ivre - comme à la Préfecture,
le soir des régionales de 1998...
Ce soir-là ma liste royaliste avait piqué 1.226 voix à la gueuse, dont
39 voix aux Minguettes ! J'avais promis de boire 5 bouteilles de champagne
si on atteignait les 1.000 voix. Jen ai donc bu sept, mon record ! Du
côté russe, j'ai une constitution solide. À la sortie des salons de la
Préfecture, j'ai été embarqué directement et j'ai passé la nuit au poste.
(...)
La suite de l'interview sur
www.lyoncapitale.fr
A
suivre, Les grandes gueules de l'été : Gérard Angel, journaliste
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