Ce
que pensent la presse et le web de lyonpeople.com
Baptiste
Jacquet- Lyon capitale du 6 au 12 juin 2001
Hacking
people
Jet
set, people, branché, tendance : quatre mots pour vives discussions
en apéro. Quatre mots gonflants à mort, non pas parce qu'ils sont mis
à toutes les sauces mais principalement parce qu'ils se travestissent
pour sentir le terroir, là même où le tas de fumier sèche au fond de
la cour, près de l étable. Au fait, qu'est ce que « people »,
qu'est ce que « branché » ? A questions
casse-gueule, réponses subjectives. A la base, ces titres « couronnent »
des personnalités fondamentalement urbaines, qui participent à la vie
d'une cité, dont l'action ne peut se faire que dans une ville. On
oppose régulièrement parisianisme (pour le « branché »)
à provincial (pour le « ringard »).
J'opposerais
plutôt le comportement rural, qui fonctionne par castes, à l'urbain,
espaces de mélanges et curiosités. Prenons deux exemples : le dîner
dansant de l'amicale des chasseurs de Nontron (3 000 habitants au fin
fond du Périgord) et l'apéritif sur terrasse au Fish. A priori,
tout les sépare. Or, en observant les deux groupes (la queue leu leu dans
la salle des fêtes et le sirotage, portable à l'oreille, aux apéritifs
« jet set » du bateau), on retrouve les mêmes frimes de
petits notables : boucher-maire, secrétaire de banque au bal et gérant
d'une boutique de fringues et commerciaux d'une marque d'alcool au
Fish. Rien de très frais. Ça sentirait même le rétrograde, le repli
sur soi dans un manège pseudo mondain de n'importe quelle sous-préfecture.
Et voilà que des sites Internet en mal de starification investissent ce
territoire du people campagnard.
Lyonpeople.com
est passé maître en « peoplisation » à outrance de
la jolie bimbo vendeuse chez Supermod et du pimpo commercial chez
Bois-encore spiritueux. A quand « Jeannot, boulanger à Puissac »
ou « Séverine, préparatrice de commande à la pharmacie de
Fratigny » ? C'est la même chose, non ? Plus sérieusement,
avec une touche de snobisme, le people existe-t-il à Lyon ? Combien
de ceux joliment photographiés pour tel site ou tel magazine local
peuvent se vanter d'être connu au delà du premier péage autoroutier
franchi ? (que les lauréats du vrai titre de « people »
m'envoie un Émile). Pour ce qui est du « branché »
ou de l'affreux « tendance » ? que portent nos
jeunes et jolis people à la vue de tous ? Une jupe Etam, un pull
Zara, parfois, dans un élan de chic trop rare, du Hugo Boss ou du Paul
Smith.
Un
vrai « branché » de province, de rural guindé dans un cliché
surfait sans une once d'humour, d'originalité ou de pet de travers.
J'ai vécu mes douze premières années dans un village du Périgord.
Chaque retour à mes racines m'ennuient profondément : des ragots
entre voisins, des petits commerçants qui s'imaginent incontournables
et affichent un manque de détachement ennuyeux. Tout le contraire de ce
que je souhaite vivre en ville, à Lyon : une grande cité offrant
quantité, qualité et travers instructifs, déstabilisants, où l'écrivain
peut agacer l'ouvrier, où le livreur de pizza peut baiser avec la fille
d'un chirurgien, où le marié peut se payer un travelo... Les people ce
seraient eux et non cette odeur de renfermé sortant des news people
locales. De vrais urbains, en fait. Fermez les paupières.
Tempête
sous un crâne d'uf...
La
réponse d'Alexia, c'est
ici
page
suivante
|