Salammbô : L'avenir est-il aux
artistes libres ?
De notre correspondant Mehdi
Les rumeurs grondantes ont fait
place à quelques frémissements de la
presse et il est connu que les plats
réchauffés au micro-ondes
refroidissent que trop rapidement.
Désormais les néo-stars de la chanson
française fabriquées sur mesure pour
nos besoins de consécration voyeuriste
ont une durée de vie limitée à
l'émission d'un tube cathodique.
Où est donc passé le talent ? Il
suffirait d'ouvrir les yeux -
peut-être - sur ces milliers de
groupes qui fourmillent dans les
petits bars de province ou qui
s'activent depuis des années
surmontant chaque jour l'adversité et
les galères. Trop souvent oubliés des
cuisiniers de la real TV qui préfère
concocter secrètement les futurs
fast-food de la musique hexagonale.
Voici le portrait de l'un de ces
groupes qui prépare une comédie
musicale - au nom de Salammbô - qui
fît beaucoup parler d'elle hier et qui
s'érige aujourd'hui comme le cheval de
Troyes d'une nouvelle génération
d'artistes.
A
l'origine Pascal Revial,
compositeur musical de 33 ans, né en
Inde et vivant en France depuis l'âge
de 8 ans. Violoniste surdoué, le jeune
métisse grandit dans une famille
scientifique : deux parents
neurophysiologues qui vont pousser les
talents d'oreille du petit Pascal
jusqu'au conservatoire et enfin à l'ENM
de Villeurbanne. Durant ce cursus
Antoine Duhamel, compositeur de
musique de films, prendra le jeune
Indou sous son aile car si le prodige
« entendait tout » et il n'en
restait pas moins « fumiste ».
Pascal Revial s'exile aux Etats-Unis
dans une école du type « Fame ».
Saint Louis, berceau du blues, le
surnommera « the indian frenchy
» qui jouera Brel et Féré dans les
bars où on vît naître Jazz, Ragtime et
musique noire. Le métissage colle à la
peau de l'adolescent qui trouvera à
force de travail une place dans un
lycée « qui intégrait toutes les
ethnies ». Le retour en première
scientifique parmi l' « élite » du
lycée Edouard Herriot s'inscrit comme
le premier décalage de Pascal. Un Bac
moyen, puis deux années de Fac et de
bringues avec son groupe « Blues
Eyes ».
22 ans, le caporal Revial est promu
officier, responsable des
télétransmissions. L'intérêt pour les
sonars ne serviront que le temps du
service national. En 1994, à sa
libération, Pascal Revial monte son
école de comédie musicale en Haute
Loire. Rockline Opéra forme des
ados mais dans un esprit neuf : « pour
moi le talent n'est pas musical, mais
ce qu'on est à l'intérieur ». Se
suivent des années de professorat et
de congrès. L'argent coule à flot
jusqu'en 1998 lorsque Pascal arrive à
Lyon et tarira difficilement la
souffrance dû à la mort d'une belle
amoureuse dans les bars de la capitale
des Gaules. Spectateurs du milieu de
la nuit où « les gens se font et se
défont en 3 secondes », il écrit
« Salammbô » tiré de l'uvre de
Gustave Flaubert.
L'intérêt
de départ du mutli-instrumentiste pour
cet uvre vient de sa propre histoire
amoureuse : « ce qui m'a parlé chez
Flaubert c'est que les personnes que
l'on aime aiment toujours quelqu'un
d'autre ». Néanmoins « Salammbô »
semble être une vision pour Pascal. La
vision d'une comédie à laquelle il va
consacrer plusieurs années de travail
acharné qui lui vaudront le surnom d'
« El Diablo ». Pascal Revial
change les règles de recrutement : les
castings sont ouverts à tous - il y
étudie les timbres de voix et les
personnalités - infirmière,
quelquefois serveuse : la comédie
musicale croisera le chemin de Lidy
des L5 toute droit sortie de la troupe
lyonnaise.
La jeune Lyonnaise pas encore passée
sous la coupe d'Endemol-M6, est un des
personnages principaux du spectacle ce
qui lui vaudra les foudres de la
presse : « Salammbô » fait mentir « Popstars »
censé ne recruter que des compétiteurs
néophytes. Episode éphémère pour
Pascal qui n'en garde que peut de
remord, toutefois révélateur. Deux
autres artistes de la troupe passeront
les trois premiers tours de « Popstars ».
En outre Stéphane Jurkiewiez et
Steve Perrin tous deux
finalistes deux années consécutives de
« Rêve d'un soir », et
Natacha Milan à « Graine de
Star ». Une véritable oreille pour
le talent, Pascal commence à gêner. Le
magazine « Voici » publie le
scandale, Lidy (ex-Charlotte) coupe
alors tout contact avec son
protecteur. Pascal se remettra à une
nouvelle édition de « Salammbô »,
modernisé avec une nouvelle troupe.
Une vraie histoire de galère pour
cette comédie musicale qui naîtra
probablement sous les feux d'une rampe
moins préfabriqué que ces camarades...
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