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23 février 2004

 CANTONALES 2004
 

 Patrick Bertrand, un poids lourd dans la 6ème
 

 

De notre correspondant Arnaud Curt

 

Alors que le 6ème canton est devenu très médiatique grâce à Dominique Perben, un outsider de poids se présente en la personne de Patrick Bertrand. Candidature pour le moins étrange puisqu'il ne va courir pour aucun parti politique connu, mais pour un mouvement qu'il a créé, le GRAD.

 

Patrick Bertrand se distingue dans la vie lyonnaise au début des années 80, faste époque où il occupait le fauteuil de directeur régional du Crédit Lyonnais et gérait plus de 3 000 personnes. Contrairement à ce que pourrait laisser croire sa fonction, il n'est pas issu d'une grande école de commerce mais de Polytechnique. Entre deux cours, il passa la majeure partie de sa vie étudiante à la cinémathèque où il côtoyait Godard et Truffaut en se passionnant pour le cinéma muet et les œuvres suédoises. Ces dernières l'ont fortement encouragé a passer de nombreuses vacances en Suède. Malheureusement, il n'avait pas encore trouvé la recette magique avec les filles et recensa peu de conquêtes blondes aux yeux bleus (l'apprenti séducteur s'est bien rattrapé depuis puisqu'on lui attribue trois mariages).

 

Malgré une tentative ratée pour intégrer le service cinéma des armées (depuis ses deux fils l'ont vengé puisqu'ils exercent des professions artistiques), il se dirigea avec regret vers les professions bancaires. Ceci jusqu'au 1er avril 1990, date à laquelle il démissionna du Crédit Lyonnais (et ce n'était pas un poisson !) et racheta la société Mecatiss (une PMI qui fabriquait des système de protection massif contre les incendies). Il contribua à son internationalisation en obtenant des marchés importants en Chine, Corée, Bulgarie, ou aux Etats-Unis. L'entreprise fut reprise par le groupe Vinci qui lui offrit le statut de cadre au sein du groupe. Mais comme le fait d'être dirigé ne lui convenait guère, il préféra s'écarter de la vie professionnelle pour se consacrer à la politique.

 

Peu nombreux sont ceux qui attendent la cinquantaine pour s'engager dans la vie publique. Il a bien flirté un temps avec Raymond Barre (il collabora avec son staff pour les élections de 88) dont il suivait les cours d'économie. Ensuite, il a refusé les avances de Francisque Collomb ou de Michel Noir ne voulant mélanger son statut de manager avec les affaires politiques. Dégagé de toutes obligations professionnelles importantes, il décide de s'engager dans la bataille des municipales de 2001 au côté de Gérard Collomb qu'il « cabotait » depuis le début des années 80 grâce à des connaissances communes. Il posa trois conditions à leur alliance : une politique de développement du Grand Lyon, pas d'assistanat (il reprit à sa guise la maxime de Mao « apprendre à pêcher plutôt que leur donner du poisson »), et aucune hausse fiscale. Avec la victoire du candidat socialiste, il obtient un poste de vice-président du Grand Lyon. Considérant qu'aucune chapelle politique ne lui convenait, il décida de créer la même année avec des amis tels que Nadine Gelas, Jean-Paul Colin ou Gérard Gerbelot, le GRAD. Cette formation réformiste, dont les principales réflexions se concentrent autour du statut de l'élu (contre le cumul des mandats et les réélections), compte aujourd'hui plus de 200 adhérents.

 

Sa candidature dans le 6ème canton n'est pas anodine puisque le garde des Sceaux représente l'archétype de ce que Bertrand combat. Quant à son adversaire socialiste « jolie avec des qualités de jeunesse », il considère «  qu'elle souffre d'un véritable déficit de notoriété. Malgré le fait que Lyon Mag lui fasse sa promotion, elle n'est connue que dans son immeuble, et encore ! ». Son ami, le maire de Lyon lui avait proposé de retirer sa candidature en l'échange d'une position éligible aux régionales. Mais notre homme n'a rien voulu savoir. Depuis plusieurs mois, il va de porte en porte et sillonne les marchés pour rencontrer les habitants de son canton, selon un planning de visite très méthodique. Ses passages dans les restaurants où il a ses habitudes comme « la tante Alice » ou chez Pierre Orsi sont de grands moments de serrages de louches.

 

Bien que les apparatchiks ne lui prédisent pas plus de 5% d'intentions de vote, il espère bien battre Perben ! Dans le cas contraire, il passera plus de temps à s'occuper de sa propriété agricole près de Morestel ou de ses activités immobilières ainsi que de sa villa à Chrystal River près de Tampa en Floride où il lézarde au moins une semaine par trimestre.
 


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