Des
héros que personne n'attendait !
Par Justin Calixte
Drôle de week-end... que ce week-end où il a
fallu faire avec ... des "héros" que l'on
n'attendait pas.
Personne ne voulait de Chirac comme
président : "cet incapable, cet escroc,
ce super-menteur, ce looser..." Que
sais-je encore. Seuls quelques vieux
militants à illères lui trouvaient
quelque grâce. Et encore. Résultat : il
sort grand vainqueur de l'épreuve.
Idem
pour Lyon, ville mal aimée, et l'Olympique
Lyonnais, club honni par tout ce que la
France compte d'experts
"footballistiques". C'est-à-dire la France
entière.
Les journalistes de L'Equipe,
les journalistes qui avaient si bien vu le
potentiel de l'équipe de France de
Jacquet, n'avaient pas ménagé leurs
quolibets ni leurs critiques. Ils
n'étaient pas les seuls. Tout le monde ou
presque (même à Lyon) pronostiquait ou
espérait la victoire de Lens, ajoutant au
passage quelques perfidies acides sur nos
Poulidor du football aux poches trop
pleines.
Même
à Lyon, on détestait déjà Aulas et
Santini, responsables de
l'impuissance lyonnaise et de cette
deuxième place "déshonorante". Et,
finalement, Lyon gagna.
Comme quoi, on n'a pas toujours c'qu'on
veut et il faut faire avec ce que l'on a.
Je n'aime pas les foules, je n'aime pas
les phénomènes de masse, je n'aime pas les
cercles, les clans, les communautés, les
clubs et, notamment, les clubs de
supporters. Je les aime encore moins
depuis ce week-end.
Le triomphe de Chirac ne tient qu'à
quelques voix bêtement perdues par
Jospin, le triomphe de l'OL ne tient
qu'à un but marqué ou encaissé dans les
arrêts de jeu.
En voyant et en entendant tous les
commentaires "autorisés" et dithyrambiques
à la fois, qui ont suivi ces deux
triomphes, les débordements hystériques de
foules oublieuses, je ne peux m'empêcher
de penser à ce qui aurait été écrit et dit
si les Lensois avaient égalisé, si la
balle du troisième but n'avait pas été
détournée, si la pluie... si Chevènement
ne s'était pas présenté, si Jospin s'était
retrouvé au 2ème tour face à
Le Pen, si Jospin avait gagné, si les
abstentionnistes... Tout cela ne tenait qu'à
un souffle... un pas grand-chose, un rien.
Dommage que les commentateurs oublient
toujours de s'en souvenir.
J'ai jadis écrit un bouquin qui
s'intitulait "L'éphémère et le
dérisoire". Dommage que le stock soit
épuisé, je vous l'aurais prêté.
Pour finir, une petite anecdote dont la
presse a peu ou pas parlé. Jospin avait
promis aux Lensois, lors d'un meeting
électoral, de venir après les
Présidentielles pour fêter avec eux leur
titre de Champions de France. Comme quoi,
la démagogie ne permet pas toujours d'être
Président ! Comme quoi, tout le monde peut
se tromper.
"Quoi qui Lensois",
comme on dit désormais à Lyon depuis la
victoire, ne boudons pas notre plaisir :
Chirac Président, Lyon champion de France,
on aurait pu avoir pire !
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