Le
centenaire de l'hippodrome de Villeurbanne
Le
14 octobre 1900, une foule élégante et endimanchée se presse aux portes
du tout nouvel hippodrome de l'agglomération lyonnaise que la Société
Sportive du Rhône s'apprête à inaugurer. Des notables, des
aristocrates, des industriels, des courtisanes... ce que la société
compte alors de people pavane dans des tribunes VIP spécialement aménagées
à leur attention (ci-dessus leur homologue version 2000).
Dimanche
15 octobre 2000, on prend les mêmes et on recommence... A quelques
nuances près tout de même. Les notables sont toujours là, bedonnants
donc bien portants. Les nouveaux riches ont peu à peu écarté les
derniers aristocrates, espèce en voie de disparition depuis la
multiplication des alliances malencontreuses censées redorer le
blason . Le seul or à briller encore ostensi-blement se retrouve
sur les Rolex de ces messieurs au bras desquels s'accrochent des filles de
petite vertu et de petite vie qui remplacent tant bien que mal les fières
courtisanes d'hier. Mais que la vieille France se rassure, on croise
encore de jeunes aristocrates dans les tribunes à l'image de Donatien de Beauregard, 24 ans, qui confirme l'aversion des aristos
pour le trot. (ci-contre).
L'hippodrome
de Villeurbanne n'est pas l'endroit le plus people de Lyon en matière
de course hippique. Cette spécificité se retrouve plus volontiers à
Parilly, en cheville avec le très sélect Cercle de l'Union et
autres clubs huppés de notre capitale. Les personnalités lyonnaises ne dédaignent
pas pour autant s'offrir « un brin de frayeur » en
traversant l'une des banlieues les plus chaudes .On croise fréquemment André
Mure et le truculent Daniel Pérez,
patron de Radio
Scoop (ci-contre).
L'espace
d'un siècle, tous les bouleversements subis par la société française
en général sont encore plus flagrants dans le monde des courses en
particulier. Très élitiste en 1900, les courses sont devenues avec le
football l'opium du peuple des années 2000. D'un show - c'est à
dire d'un spectacle - on est passé à un business pur et dur. Une évolution
que ne conteste pas le vice-président du Cheval
Français, Maurice de
Folleville venu tout exprès de Paris pour l'occasion (ci-contre).
Preuve si il en est que l'aristocratie n'est plus à la fête dans le
monde hippique, le comte de Chambord chute lourdement dans la 4ème
course.
La
manifestation de dimanche officialise aussi la passation de pouvoirs à la
Société Sportive du Rhône
entre le Président Nebon-Carle
et son dauphin, Olivier de Seyssel,
gentleman farmer de son état, rescapé de la purge dont nous parlions
plus haut (ci-contre). A 38 ans, le nouveau patron de la SSR n'est pas un inconnu dans le monde des courses. Il dirige en
effet l'hippodrome de Thonon et préside la mutuelle agricole de
l'Ain.
Sous
son impulsion, l'hippodrome de Villeurbanne vient de subir un sérieux
lifting (montant 3MF) qui a commencé par la réfection complète de la
piste de trot. Dans la foulée le jeune président réfléchit à des aménagements
futurs qui devraient permettre dès 2002 l'organisation de courses
nocturnes. La construction du complexe Pathé
en face des pistes devrait permettre de fortes synergies dans le futur et
de rajeunir la clientèle...
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