Rendons à Henry ce qui est à Chabert
En début de semaine dernière, Gégé
a enfilé un tablier de maçon (emprunté
à Yvon Deschamps ?) et
manié la truelle pour inaugurer le
chantier de la salle 3000 aux côtés de
l'architecte Renzo Piano
et de Dominique Nachury.
Ce
nouvel équipement viendra parachever
en 2006 le projet de la Cité
Internationale imaginé par l'ancienne
municipalité et plus précisément par
Henry Chabert, adjoint à
l'urbanisme. Qui a tenu à le rappeler
à Renzo Piano dans un courrier publié
ci-dessous dans son intégralité. A
déguster sans modération...
« Cher Renzo,
Tu vas poser bientôt la première
pierre de la salle 3000. Je m'en
réjouis de tout mon cur. Pour des
raisons indépendantes de ma volonté,
je serai absent de Lyon le 3 mars et
je le regrette. Je serai au milieu des
temples d'Angkor. Une autre
architecture dont on ne connaît que le
nom des maîtres d'ouvrages !
Je suis heureux que l'acharnement
ait payé et que nous ayons pu
surmonter toutes les difficultés et
tous les traquenards pour parvenir à
réaliser la Cité comme nous l'avons
voulue et pour l'achever par ce
magnifique équipement .
J'ai le souvenir des propos de ceux
qui pendant longtemps se sont opposés
au projet et qui seront les premiers à
couper les rubans. J'ai en mémoire
aussi les nombreuses réticences de
ceux qui se félicitent aujourd'hui de
t'avoir pris comme architecte après
avoir tout fait pour s'en dispenser.
Le cinéma, l'hôtel, la plupart des
logements ont bénéficié de ton talent
de créateur après bien des palabres,
tu t'en souviens. Mais tout ceci est
la vie et seul le résultat importe !
J'ai pris connaissance avec intérêt
de tes propos récents dans un magazine
lyonnais. J'avoue avoir été quelque
peu surpris en revanche de la manière
dont tu parles de la salle 3000.
Certes le produit final n'existe que
parce que tu as su lui donner du
contenu, en matérialiser la forme et
en dessiner tous les détails.
Mais quant au concept permets que
j'en revendique la paternité. Avec
d'autant plus de force que je n'en
demande aucun dividende ; seulement
une reconnaissance de ce qu'a été
l'histoire de la nature de cette
salle.
La première proposition, que tu as
présentée lorsqu'il s'est agi de
concevoir cette salle ressemblait de
très près à la salle du Lingotto. Les
archives en portent témoignage. C'est
à la suite d'une visite aux Etats Unis
et plus précisément en visitant le
théâtre de Chicago (Pascal Parent
était présent) qu'il m'est apparu
évident de créer à Lyon une salle de
type amphithéâtre répondant comme en
écho à travers les siècles au théâtre
gallo romain de Fourvière.
J'en ai fait approuver l'idée par
le Maire de l'époque qui m'a laissé
carte blanche. Je l'ai ensuite imposée
comme contrainte dans le cadre du
marché de définitions qui a été avons
alors lancé et dont tu as été à juste
titre le lauréat.
Je suis sûr que tu sauras d'une
manière ou d'une autre rétablir la
vérité. Et je t'en remercie.
Bravo encore. Bon lancement. Je
serai à défaut de présence physique de
tout cur avec vous. Je serai heureux
de te revoir lors d'une prochaine
occasion.
Bien à toi. »
Henry Chabert, le 18 février 2003
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