Damien
Gateau : « Dans les milieux
bourgeois, il est de bon ton de critiquer le
Beaujolais ! »
A
34 ans tout juste, Damien Gateau, passionné de
vins et de gastronomie, a le physique de
l'emploi ! Tout en rondeur ! Cet
illustre rejeton de la bonne société lyonnaise
est, depuis deux ans, le sommelier de la cave
Malleval, rue Emile zola. Et nous donne, à ce
titre, son avis sur le Beaujolais nouveau.
Les
fêtes du Beaujolais font déjà partie du passé.
Rendez-vous l'an prochain ?
Je
trouve en effet dommage de limiter la
consommation du Beaujolais à trois jours
pendant le mois de novembre. Le Beaujolais, ça
doit se boire toute l'année.
Comment
est-il cette année ?
Bon
comme chaque année !... (rires) C'est
une année marquée par l'acidité. Avec un
manque de chair, perceptible dans la production
des vignerons qui n'ont pas su bien le
travailler.
Le
Beaujolais nouveau est-il encore un produit du
terroir ou un produit marketing ?
Le
primeur est un produit marketing. Il y a 50 ans,
ça a fait connaître le Beaujolais dans le
monde entier. Depuis, il y a eu trop de produits
galvaudés par des arômes artificiels (banane
et bonbons anglais).
Cela
peut-il expliquer la désaffection des Lyonnais
à son encontre ?
Pas
uniquement ! C'est également par
snobisme, qu'on le boude. Dans les milieux
bourgeois, il est de bon ton de critiquer le
Beaujolais. Et c'est un paradoxe amusant, car
il faut savoir que les bonnes familles
lyonnaises ont toutes des alliances beaujolaises
ou au moins leurs entrées dans le terroir...
Vous-même,
excepté la période de novembre, en
proposez-vous à vos clients ?
Un
exemple précis qui se répète assez souvent :
un couple passe à la boutique et me demande de
l'orienter vers un vin léger. Si je propose
du Beaujolais, je me heurte le plus souvent à
un refus. Alors je fais une contre-proposition
sur un Fleury ou encore un Morgon... et là ça
passe comme par enchantement !... (rires).
C'est la preuve qu'on associe trop souvent
le Beaujolais primeur et le Beaujolais.
De
ce fait, le Beaujolais est-il en perdition ?
Bien
au contraire. Il y a une véritable prise de
conscience chez les producteurs, grâce à des
maisons comme Lapierre, Metras ou
encore Charmette, et chez le consommateur
qui apprend à découvrir les 10 crus du
Beaujolais et les Beaujolais Village.
Le
Beaujolais cartonne à l'étranger, notamment
en Asie. Quel son avenir à Lyon ?
Je
prends le pari que, d'ici deux ans, le
Beaujolais redeviendra à la mode et remplacera
le pot de Côtes dans nos bistrots !
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