Eric-Emmanuel Schmitt :
« Etre de Lyon, c'est être de partout
! »
De notre correspondant Arnaud Curt
Une fois n'est pas coutume, l'auteur
lyonnais a quitté son douillet nid
bruxellois pour revenir sur ses terres
natales. Celui qui a écrit le contesté
« L'évangile selon Pilate » recevait
en ce vendredi Saint, le grand prix de
la société des écrivains lyonnais et
de Rhône-Alpes.
Lorsque Eric-Emmanuel Schmitt évoque
ses terres natales, on ne sent pas
chez lui de réelle appartenance... comme
si ce dernier assimilait la scène des
vingt premières années de sa vie à un
détail avec des propos tels que « Si
il y a des écrivains nés à Lyon, il
n'y a pas d'écrivains lyonnais ».
Drôle de façon d'assumer son naissance
dans la Capitale des Gaules. Portant
l'écrivain était ce jour-là plutôt en
milieu conquis lorsque Patrice
Beghain, l'adjoint au maire
délégué à la culture, lui assura que
« son siège à l'Académie Française
était déjà réservé ! ». Ce qui
n'est pas loin de la vérité puisqu'il
a reçu en juillet 2001 le Grand Prix
du Théâtre de l'académie pour
l'ensemble de son uvre.
Né à Sainte-Foy-Les-Lyon au début des
années 60, EES a depuis développé deux
versions de son amour pour l'écriture.
L'une à destination des ses
interlocuteurs nationaux et une autre
plus locale. La première - tirée de sa
bio officielle - serait due à un
voyage dans le désert du Hoggar à
l'adolescence où il aurait vécu une
expérience unique... Quant à la version
lyonnaise, elle
émanerait d'une représentation
de Cyrano de Bergerac aux Célestins
où, à l'issu du spectacle, il aurait
déclamé à sa mère l'envie d'écrire
pour le théâtre. Sa première pièce
écrite à l'âge de 16 ans « Grégoire ou
pourquoi les petit pois sont-ils
vert ? » présente la caractéristique
d'être une satyre
de l'éducation sexuelle.
Le fait d'avoir été le seul
garçon de sa classe au lycée
Saint-Just est-elle la seule
explication à sa prose ? Fils de professeurs
d'Education Physique, il a dès le
départ pris ses parents à contre-pieds
en privilégiant la tête aux jambes et
en se consacrant à des études de
philosophie. Ce qui se retrouve
d'ailleurs au fil de son uvre avec
comme fil conducteur le libertinage
avec plus ou moins succès (cf le
désastreux : « Le Libertin »). Il se
spécialisera par la suite sur les
rapports hommes -femmes (Petits
crimes conjugaux). Cette dualité se
retrouve aussi dans sa carrière en
conciliant les activités d'auteur
dramatique et de romancier.
Personnage plutôt secret, l'auteur se
livre peu sur sa vie privée et fuit
les mondanités en se retranchant à
Bruxelles.
« Je suis très flatté de
cette reconnaissance du fait de sa
provenance géographique »
déclara-t-il pour conclure la
réception. Faut-il y voir un zesta de
nostalgie de ses terres natales ou EES
est-il un garçon bien élevé ?
|