Quand l'UDF s'émancipe...
Par Stephen Derrick
Le dernier week-end de janvier, les
Lyonnais avaient le choix pour se
distraire : salon du mariage, salon du
bricolage ou congrès national du parti
de François Bayrou. Malgré une
neige abondante près de 4000 personnes
ont envahi Eurexpo pour trancher une
question simple : l'UDF doit-elle
rester un parti allié à l'UMP ou
devenir indépendante ?
Souvenez-vous des albums d'Astérix, de
la carte de la Gaule et du petit
village qui résiste aux Romains...
Eurexpo, repeint en orange le temps du
congrès de l'UDF, c'était un peu cela.
Sur deux jours, près de quatre mille
gaulois sont venu écouter François
Bayrouix qui leur posait une question
à haute teneur philosophique : faut-il
continuer de s'accoquiner avec Rome et
ses légions d'UMP comme le prône le
seul ministre UDF, Gilles de
Robinix ? Ou alors l'UDF doit-elle
s'émanciper de Rome et devenir un
parti libre ? Il s'en est fallu de peu
pour que le ciel leur tombe sur la
tête ! Michel Mercier,
président du Conseil général du Rhône,
a désamorcé une grève des pompiers qui
aurait pu paralyser le congrès. Et
c'est la neige qui a failli le faire.
En s'invitant samedi au congrès, elle
a contraint quelques centaines de
Gaulois à rester dans leurs villages.
Finalement la grande UDF party n'a
commencé qu'avec quelques heures de
retard.
C'est Anne-Marie Comparini,
député de Lugdunum qui a ouvert les
festivités par un discours sur la
capitale des Gaules. Puis se sont
enchaînées les interventions des chefs
de l'UDF. Mais c'est au bar que se
trouvait l'ambiance. On pouvait y
croiser édiles et simples adhérents.
Les élus rhônalpins tenaient un stand
et offraient une dégustation de
produits du terroir agrémentée de
nectars locaux. Anne-Sophie
Condemine, conseillère régionale,
avait amené du saucisson fabriqué par
son époux. Joseph Giroux,
président de la Chambre d'agriculture
du Rhône et conseiller régional avait
opté pour quelques caisses de
beaujolais qui ont connu un beau
succès. Le soir, un grand banquet
s'est tenu à Eurexpo. Pour que la fête
soit plus folle, point de champomy
mais un jazz band drômois endiablé que
Thierry Cornillet, député
européen et président du groupe UDF à
la Région avait déniché. L'ambiance
est nettement retombée lorsque
Selig, un jeune comique lyonnais,
a entamé un morceau de son spectacle.
Qu'à cela ne tienne, un dj a pris le
relais. La soirée s'est prolongée au
Fish puisque une simple
présentation du badge UDF ouvrait
gratuitement les portes de la péniche.
Autant dire que le sésame UDF
s'arrachait sur le quai, allant même
jusqu'à se négocier plusieurs
centaines de sesterces...
Dimanche matin, branle-bas de combat.
Le grand chef Bayrouix, boosté par les
90 % accordés la veille par les
adhérents à la volonté d'indépendance
de l'UDF, prenait la parole pour une
heure. Les yeux rivés sur une horloge,
il l'a dit et répété, l'UDF est « un
parti libre ». A ses côté tous les
grands guerriers de l'UDF, Anne-Marie
Comparini, Michel Mercier, Marielle
de Sarnez, son éminence grise et
vice-présidente du parti, Hervé
Morin, président du groupe UDF à
l'Assemblée nationale, Jacqueline
Gourault, sénatrice du Nord... Au
pied de la tribune, des jeunes UDF des
quatre coins de la Gaule identifiables
à leurs particularités locales.
Cloches pour les Savoyards, fourrures
pour les Parisiennes. Au terme du
discours qui a fait l'effet d'une
bonne rasade de potion magique, les
militants s'en sont allés. Regonflés à
bloc. La tête pleine de rêves de
victoire pour leur chef en 2007.
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