Une
petite larme pour l'hippodrome
Par Marc Polisson
On avait annoncé la pluie... et c'est
un soleil éclatant qui inondait
l'hippodrome de Villeurbanne dimanche
après-midi pour la dernière journée de
courses avant la démolition des
installations dont la plus ancienne
date de 1900.
L'urbanisation et les changements de
murs ont toujours porté des coups
fatals au monde hippique. Dans
l'agglomération lyonnaise, les
hippodromes de Rillieux, Grand
Camps-La Doua, La Tour de Salavagny...
sont désormais passés aux oubliettes.
La baisse de fréquentation allait-elle
sceller le sort de Villeurbanne ? Que
nenni. Si les installations actuelles
vont disparaître, c'est pour mieux
renaître dans le cadre du projet du
Carré de soie. Intégré au pôle de
loisirs (Centre UCPA, multiplexe
Pathé), il ouvrira à nouveau ses
pistes dès 2008. L'activité hippique
sera renforcée avec 300 courses par
an, dont certaines en nocturne. En
revanche, le steeple-chase disparaît
définitivement.
Dimanche après-midi. Ces
messieurs-dames du Lions Club
ont tout juste terminé leur collation.
Sur le bord de la piste, quelques
personnalités travaillent leur
couleur. Inhabituellement sage comme
une image, Fernand Galula
devise avec André Borron (Véolia)
et Philippe Dibilio, son
responsable de la rédaction à la
Tribune de Lyon. Le comte
François de Saint Laumer observe,
un brin nostalgique, l'hippodrome dont
il est vice-président. La fermeture
sera pour lui synonyme d'exil. A Paris
pour être précis où il sera facile de
le retrouver du coté d'Auteuil, de
Chantilly et de Longchamp. Quant au
consul du Salvador, Marie Chantal
Cassagnou, elle multiplie les
contacts en vue de sa prochaine
manifestation (voir encadré).
Même si elle n'en laisse rien
paraître, Béryl Maillard est
particulièrement émue. Celle que tout
Lyon connaît sous la casquette de
consul de Saint Domingue est en effet
la secrétaire générale de la SSR, qui
gère l'hippodrome de Villeurbanne.
C'est son père, feu le président
Nebon Carle, qui a construit en
1975 le bâtiment le plus récent. Et ce
n'est pas sans un certain pincement au
cur qu'elle va assister à l'arrivée
des bulldozers.
Alors que les chevaux s'alignent pour
prendre le départ de la 6ème,
Gérard Collomb fait son
apparition. Le sénateur-maire est
accueilli par Olivier de Seyssel.
Les deux hommes sont préoccupés par le
recours déposé par Edouard Leclerc. Le
géant de la grande distribution,
fossoyeur du petit commerce, dispose
d'un hypermarché sur la zone de
chalandise du Carré de soie. Et
s'oppose à la construction du centre
commercial prévu dans le projet... Le
président en exercice pourra toujours
se consoler du contretemps annoncé
dans les bras de la jeune femme dont
il est éperdument amoureux.
|