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13 mars 2006


 Lyon III honore le Président Abdou Diouf

Abdou Diouf
 Photos © Patrick Genet

Ce qui marque au premier abord, c'est sa taille, immense, puis ses yeux, d'un bleu étincelant. Son regard calme balaie les bancs bondés du grand amphi de Lyon III. Puis il y a ce sourire, bienveillant, ouvert. Les personnalités présentes se mettent spontanément debout pour applaudir Abdou Diouf, ancien président du Sénégal et président de la Francophonie, reçu docteur honoris causa de l'Université lyonnaise.


Abdou Diouf
 

"La liberté se mesure à la puissance de l'outil !" Cette exclamation de Léopold Sedar Senghor, poète, premier président du Sénégal et co-fondateur de la Francophonie, fut le fil rouge du discours introductif du président de Lyon III, Guy Lavorel. "La Francophonie, ce n'est pas seulement parler français. C'est la volonté partagée d'être franc, loyal et honnête, de défendre les valeurs de la liberté. Sur fond d'équité, de durabilité, de dignité et de respect de l'homme, il convient désormais de redonner toute sa force à l'espoir d'un espace francophone dans la mondialisation anglophone." Une voix francophone que Lyon porte depuis des années, notamment avec la création de la première chaire Senghor de la Francophonie en 2000 puis de l'Institut pour l'étude de la Francophonie et de la mondialisation, dirigé par le recteur Michel Guillou. Ce défenseur inlassable de la francophonie a, lors de la conférence de presse de lancement du Mois de la Francophonie organisé par le 6ème arrondissement de Lyon, fustigé l'abandon de leur langue par les élites françaises, notamment politiques. "Le français est en danger. On est en train de glisser vers la langue unique. En Afrique, les dégâts sont déjà considérables. Nous demandons le multilinguisme. C'est un combat de tous les jours avec des coups bas tous les jours."


Abdou Diouf
 

Un franc parler retrouvé dans son éloge à Abdou Diouf : "Senghor, visionnaire, il y a 50 ans déjà, appelait les grandes aires linguistiques, et particulièrement l'aire francophone, à s'organiser en tant qu'ensembles géopolitiques. Aujourd'hui, alors que les intégrismes et le choc des civilisations s'installent, ces ensembles deviennent des éléments incontournables de la mondialisation multipolaire. C'est pourquoi il faut relancer la francophonie, la rassembler, lui donner force pour qu'elle pèse sur l'avenir du monde. Cette mobilisation concerne tout autant les États et les gouvernements que la société civile et le mouvement associatif, les trois moteurs de son développement. Se battre pour la langue française aujourd'hui, c'est lui donner sa chance d'exister demain aux côtés des langues des autres grandes aires linguistiques mondiales. Beaucoup, désorientés, sont prêts à tout sacrifier à la mondialisation marchande. Il faut développer le sentiment d'appartenance, ce qui suppose un effort de communication doublé d'actions ciblées. Les pièges sont nombreux, en particulier l'idéologie tiers-mondiste, le scepticisme de certains États, et de la France en particulier par complexe de grande puissance."


Abdou Diouf
 

Pour Abdou Diouf, militant de la première heure de la francophonie, à qui sa grand-mère demandait d'avoir des bonnes notes en français à l'école de son village de Lounga, au Sénégal, "les élites françaises ont parfois l'impression que c'est faire preuve d'une grande culture que de parler anglais. C'est du snobisme qui amène à sacrifier sa propre langue. Il faut défendre le français, votre langue, mais aussi la nôtre, seule langue avec l'anglais parlée sur les 5 continents comme la langue d'une mondialisation plus humaine, plus solidaire, plus diverse. Le monde ne doit pas succomber à la tentation de la langue unique, qui conduit tout naturellement à la pensée unique." Un discours mobilisateur et décapant, en rupture avec les idéologies dominantes, fortement applaudi par les personnalités présentes, ambassadeurs, consuls mais aussi politiques fortement engagés dans le combat francophone comme Jean-Philippe Bayon (Vert), vice-président de la région Rhône-Alpes, Thierry Cornillet (UDF), député européen et président de l'Association des région francophones ou encore Erick Roux de Bézieux (milloniste), maire adjoint du 6ème arrondissement et créateur du Mois de la Francophonie, "Mon voisin est francophone". Comme quoi, le combat francophone transcende les clivages politiques... Un seul regret, l'absence remarquée du maire de Lyon et d'adjoints phares de son exécutif...

 


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Abdou Diouf

 

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