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06 juin 2005


 L'art de la restauration à son zénith

Atelier Wagner et Chavanis

 Photo © Saby Maviel


Par Brigitte Guardi

 
Depuis plus de vingt ans, les duettistes Thierry Wagner et Jean-Philippe Chavanis perpétuent l'art de la restauration à son zénith. Sans trompette ni flonflons, dans l'ombre de leur modeste atelier, ils rendent aux meubles l'éclat et la beauté originelle. Grandeur et servitude de l'artisanat.


Un art d'autant plus sublime qu'il exige de ses auteurs humilité et respect. Pas question ici de faire œuvre de création. Il s'agit tout simplement de retrouver l'esprit, de s'imprégner de l'âme de l'ébéniste d'origine. Ces deux-là se sont bien trouvés, à l'école d'apprentissage de l'Abbé Boisard. Ils se souviennent avec nostalgie du Père Jacquot : « le meilleur toupilleur qui soit, capable de tourner des corniches ou des volutes à la volée ». Ce génie avait réalisé la rampe de l'escalier de l'Hôtel-Dieu et réussi à garder tous ses doigts. La « toupie au champignon » est aujourd'hui interdite par la législation du travail car trop dangereuse. L'artisan peut toujours prendre le risque lui-même mais sûrement pas son apprenti.

 
Thierry et Jean-Philippe se sont installés en 1981 dans une petite rue de
la Guillotière et ont repris un très ancien atelier de restauration de meubles, Jallade. Ils se sont vite spécialisés dans la réfection de sièges et la marqueterie dont ils ont appris les techniques chez Gérard Poulet où ils ont fait leurs premières armes entre l'école et l'installation. Une technique ancienne, longue donc onéreuse : comme pour une fresque, on dépose la marqueterie après avoir décapé le vernis, collé du tulle et déplaqué. On peut alors s'occuper du support, le démonter, le ré-assembler sur une surface plane et saine. Mais à l'atelier on utilise aussi le placage sous vide, une technique datant des années trente, aspirant l'air et permettant de replaquer au plus juste la partie abimée installée dans une poche en plastique.


La plupart du temps, les artisans travaillent pour le particulier : meubles de famille qu'il faut remettre en état parfois estampillés, ils ont exercé leurs talents sur des sièges de Nogaret, de Carpantier, de Reizell, restauré un bureau de Hache, cette dynastie grenobloise qui, au XVIIIe siècle, sur trois générations, a signé (par une étiquette à l'intérieur du meuble) les plus beaux de nos meubles régionaux. Ils ont aussi travaillé pour le musée du Louvre et le musée des Arts Décoratifs de Lyon. Pas souvent car les musées possèdent leur propre atelier. Et restaurent régulièrement les meubles d'un grand marchand parisien qui expose à
la Biennale de Paris : pour cette manifestation exceptionnelle, les meubles doivent être non vus d'où l'intérêt de les faire restaurer en province où, de surcroît, les prix sont tellement plus abordables qu'à Paris.


Contents de leur sort, nos artisans pêchent, cependant, par pessimisme. « Malgré les beaux discours sur la revalorisation du travail manuel, nous constatons que la formation de
la SEPR où nous enseignions n'existe plus, que le métier souffre d'un manque d'information sur les types de contrat, que la seule façon d'apprendre ce métier, l'apprentissage, nous prend énormément de temps et que nous n'avons pas les moyens de payer le jeune en alternance... Il faut faire beaucoup plus de 35 heures par semaine pour gagner au mieux 1 500 euros par mois. L'avenir est sombre».
 

Atelier Wagner et Chavanis,
16 rue du Docteur Auguste Lacroix 69003 Lyon
Tél : 04.78.60.86.72

 


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