Daniel Perret : le business des dessous chic
De notre correspondante Laure Delvigo
Certains choisissent le bâtiment, d'autres le
Prêt à Porter, Daniel Perret a préféré se
tourner vers la lingerie, qui est entre nous pas
le pire métier au monde ! : « Je suis bien
entouré et Millesia est certainement le plus
grand salon d'essayage de la région ! » s'amuse
l'enjoué Daniel Perret.
Si le cardinal Mazarin fut l'auteur de
deux édits contre les passementeries et autres
éléments décolletés, Daniel Perret préfère « voir
toutes les femmes en transparence... ! » et
l'on ne peut pas vraiment donner tort à cet
épicurien, lorsque l'on s'arrête sur les
somptueux modèles de Millesia et Nina
Ricci lingerie, laissant rêveur plus d'un
homme, tout autant que les chiffres d'ailleurs...
Avec 12 et 13 millions de CA respectifs, on est
très loin des débuts de Daniel Perret comme
coiffeur visagiste, actuel PDG de BPC (Millesia,
Nina Ricci lingerie et Osore).
Portrait d'un businessman atypique ayant su
rester simple, malgré une ascension fulgurante...
Celui qui adore les femmes pour leur charme
n'est pourtant pas corsetier de formation.
Autodidacte, Daniel avait alors « tout à
prouver » et travaille depuis l'âge de 13 ans,
d'abord coiffeur visagiste chez Jean Jacques,
entre autre, puis comme vendeur chez Citroën
en 1966 après son service militaire. « J'avais
envie de voir autre chose » explique Daniel
Perret, qui s'impatientait jadis de travailler
rapidement. Par hasard ou presque, il rencontre
l'oncle de sa femme, lui proposant d'intégrer la
célèbre maison Scandale en 1968, dans les
premiers temps comme représentant puis deux ans
plus tard comme chef des ventes et directeur
commercial. Un joli pari puisque Daniel reprend
la Société en 1975, avec l'aide d'un associé
Evan Pantos.
Scandale
n'est alors pas à ses heures de gloire avec une
image éponyme de gaine, en pleine régression
dans les Seventies... Progressivement, Daniel
Perret et son associé changent le concept de
Scandale, en créant des produits haut de
gamme sous une nouvelle marque baptisée « Ligne
de Rien » ; « Car, rien ne vous habille mieux
que Rien... » dit le coquin Daniel Perret ;
une phrase qui prête à sourire mais qui signe un
succès foudroyant : en 10 ans, le CA de « ligne
de Rien » passe de 7 à 50 millions de francs,
jusqu'à atteindre 70 millions de francs avec la
licence Chantal Thomass acquise en 1992.
La même année, les associés vendent leur parts
au groupe Top Form, mais Daniel Quittera
la société un an plus tard, « car je n'ai pas
la même façon de travailler que les Chinois ! »
se plaît il à dire. « Nous sommes avant tout
des façonniers et aujourd'hui plus de 200
personnes travaillent pour BPC en Rhône Alpes,
dont 42 personnes au siège et 45 à la création »
explique-t-il.
Après l'épisode Top Form, Daniel tourne
en rond à 48 ans. L'Inactivité prolongée lui
convenant fort peu, Daniel fonde une nouvelle
Société en 1994, sous les conseils de ses
proches ,collaborateurs : Millesia. « Un
jour, je buvais un millésime avec ma fille
Véronique, s'occupant maintenant du commercial
et de la communication puis tout à coup, on a
pensé à Millesia, qui ne pouvait être que le
meilleur millésime de l'année ! » raconte
Daniel Perret.
Et comme cru, on ne pouvait rêver mieux, puisque
Millesia réalisa un CA de 12.3 millions
de francs la 1ère année, doublant
ainsi son prévisionnel. Certes, un succès
inattendu, mais qui ne s'est pas fait du jour au
lendemain : « Je sillonne 2 à 3 pays par
semaine (60 à 70% de nos ventes sont réalisées à
l'export ), au début de cette aventure, je
vendais du Perret plutôt que du Millesia ! Mais
je me plais tellement dans ce que je fais ! »
nous dit ce passionné de dessous.
Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, la
mythique maison Nina Ricci lui propose
d'acquérir une licence sous le nom de Nina Ricci
Lingerie. Celui qui « aime se dépraver au
café du Pond » ne s'arrête jamais, puisqu'il
vient de racheter une nouvelle marque Osore,
destinée au marché moyen de gamme.
Cependant, le luxe reste l'une de ses priorités,
puisqu'après le premier soutien gorge en
aluminium, Millesia innove encore avec une
collection cuir et lycra, très tendance pour
l'automne hiver 2003. Les pièces couture sont
loin d'être oubliées, puisque les guêpières et
autres bustiers d'amazone réalisées en
collaboration avec Tombé du Ciel opèrent un
véritable raz de marée auprès des Moscovites,
où Millesia défile deux fois par an , devant
plus de 5000 personnes médusées (25% du CA de
Millesia est réalisé en Russie).
Et même si les poupées Russes commandent
maintenant des soutiens gorge sertis de
diamants, Daniel Perret n'en demeure pas moins
conquérant vis à vis de Lyon : après un Lyon
Mode City applaudi, Daniel assure toujours la
présidence du passage Thiaffait, où il souhaite
insuffler une notoriété et créer une véritable
émulation : « mettre de la dynamite, même si
les gens semblent peut être moins ouverts qu'à
Barcelone ou dans les pays de l'Est... ».
Alors on ne peut que souhaiter le même succès au
passage Thiaffait qu'au nu dévêtu...
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