Richard Meignien : « La
monnaie raconte l'histoire des peuples ! »
Par Brigitte Guardi
Il y a tout juste un an naissait la monnaie européenne. La rumeur court
: les francs vont prendre de la valeur. Il faut les garder ainsi que les
kits d'euros de certains petits pays. Réponse avec un numismate expert
averti.
" Certaines séries comme le kit d'euros du Vatican s'achètent 1200
euros alors que leur valeur nominale est inférieure à 4 euros "
explique Richard Meignien qui précise aussitôt : "A la revente,
on risque fort de faire la soupe à la grimace. Quant aux francs, il ne
faut surtout pas croire les magazines spécialisés qui promettent des
spéculations impossibles. Ce sont des marchands de rêve. Inutile
d'entasser ces pièces courantes qui ne vaudront rien pendant encore 300 ou
400 ans". La vieille loi de l'offre et de la demande repose, en effet,
sur un unique critère : la rareté.
Dans son échoppe du Vieux-Lyon remplie d'ouvrages de documentation,
Richard donne libre cours à sa passion : " Je suis spécialisé en
monnaies antiques et royales. Je recherche aussi les médailles toujours
évènementielles offertes lors d'exploits, de concours ou d'expositions
universelles. Une habitude qui remonte au XVe siècle en Italie avec les
grandes familles princières, les Médicis ou les Sforza. La première
médaille française fut frappée lorsque Jeanne d'Arc eut "bouté" les
anglais hors de France. Depuis cette époque, elles servirent d'outils de
propagande et de commémoration... Quant aux monnaies .... elles racontent
l'histoire des peuples. Les romains collectionnaient déjà les pièces
grecques. " Les pièces romaines très courantes à partir du 3ème siècle
car il y eut inflation ne sont pas un réel placement..
Actuellement, les numismates sont très sollicités par des réfugiés de
l'est qui espèrent tirer quelques subsides de leur monnaie romaine
abondante. En revanche, la monnaie du premier siècle et les pièces
grecques plus rares et plus belles sont mieux cotées. Une belle pièce en
argent peut valoir 1000 euros alors qu'une pièce de bronze frappée à
l'effigie de l'empereur Claude né à Lyon ne vaut que 150 euros... Le petit
prix des pièces romaines (à partir de 30 euros) peut provoquer des
vocations chez de futurs collectionneurs. C'est ce qui est arrivé à
Richard Meignien qui, passant tous les jours en allant à son lycée devant
un philatéliste numismate de la rue des Remparts d'Ainay finit, un beau
matin par lui acheter sa première pièce antique.
" N'espérez pas faire un investissement avec la monnaie "
reprend-il," seules, certaines collections, vieilles de plusieurs
décennies peuvent figurer dans les catalogues de ventes spécialisées
nombreuses en Suisse, en Allemagne et en Amérique. A Lyon, on peut
acquérir de petits lots. Les belles collections entre Rhône et Saône sont
immanquablement mises en vente à Drouot. Ce qui est une erreur car les
frais sont inférieurs à Lyon ". Qu'on se le dise...
Richard Meignien, 9 rue Saint Georges 69005 Lyon. T. 04.72.41.90.73
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