Dans
les coulisses de la Formule 1
Photos
Rémy Jomard et Jean-François Galeron
Dimanche
1er juillet 2001. Circuit de Magny Cours en plein cur de la
Nièvre. Un peu à l'écart du paddock, une longue silhouette range
soigneusement son matériel. Epuisé mais ravi, Jean-François
Galeron va entamer une seconde course, contre la montre, elle aussi.
Ce lyonnais est à la formule 1 ce qu'est Mario
Gurrieri (voir article)
pour les stars.
Car
à l'heure du soulagement général, des yeux emplis de joie des
vainqueurs ou embués des derniers couteaux, pas le temps de gamberger. Il
s'agit de délivrer - dans un temps record - les précieuses
pellicules aux agences ou aux journaux spécialisés.
Et le paquet est
plutôt encombrant : sur un grand prix, ses boîtiers tournent à
plein régime : une centaine de films de 36 poses chacun... au final
3600 photos ! Et malgré toute son expérience et son
professionnalisme, Jean-François ne peut s'empêcher de stresser. Son
long visage émacié traduit l'extrême tension qui l'habite pendant
les 4 jours où il arpente le paddock et le circuit. Même après 15 ans, j'ai toujours le trac !
confirme-t-il.
Tout
comme son confrère Mario, Jef est un autodidacte de la photo. Son premier
boîtier lui est offert par son père en récompense de son Bac obtenu à
l'arraché chez les Chartreux.
Il lui faudra ensuite 6 ans pour décrocher une maîtrise de droit des
affaires... Autant dire que la robe noire d'avocat n'est pas faite
pour lui... Rien de pire, me direz-vous
qu'un fils de bonne famille désuvré. Heureusement pour lui, le jeune
Galeron a une passion : la course automobile.
Et
c'est à l'occasion d'une concentration Alpine,
place Bellecour, qu'il effectue sa première pige photo sous le regard
bienveillant de son parrain, le journaliste Dominique
Pascal. Depuis 1982, il n'a pour ainsi dire pas raté un grand prix !
A son compte depuis 1994, Jef parcourt le monde en tous sens. Dans ce
microcosme qu'est la F1, notre Lyonnais est comme un poisson dans
l'eau. Même si le fric est omniprésent, c'est moins puant que le
cinéma ou le foot assure-t-il. Et les jolies filles ?
C'est purement de la déco.
Elles posent pour les pilotes et les sponsors, et elles repartent aussi
vite !
Mazette,
et moi qui croyais qu'à l'issue d'un grand prix, c'était une fête
à tout casser ! A l'abri de ses objectifs, Jef ne se contente pas
de shooter de belles carrosseries... il plonge au cur
même de la F1. Avec un constat amer bien que prévisible : La
convivialité a déserté les circuits. Les enjeux sont tellement énormes !...
. Les rares moments de joie collective, vous les découvrez comme nous, à
l'issue de la course. Quelques minutes de bonheur télévisé par
aspersion de Moet et Chandon. Après rideau ! Une chape de plomb s'abat
sur le circuit dès la fin du grand prix.
Chacun
rentre chez soi ! Dans ce paysage sinistré, quelques pilotes restent
malgré tout des fêtard invétérés. Mais dans la plus stricte intimité.
Coulthard, Villeneuve
et Irvine sont les derniers chauds lapins du circuit.
Et les Français ?
Alési peut être adorable, voire attachant. Quant à Olivier Panis (ci-dessus),
c'est quelqu'un de fidèle et de très droit . Jef
entretient de bons rapports avec tous. Et même s'il déplore des
conditions de travail de plus en plus difficiles et la multiplication des
pass, il n'en demeure pas moins accro. Depuis le mois de janvier, il
n'a disposé que d'un seul week-end pour caresser les trois têtes
blondes que lui a donné la fidèle Lise.
Car
en plus de ses collaborations pour Auto hebdo, Philip Morris
et d'autres... Jef écrit des bouquins sur la F1 depuis 1989. Qui font référence
dans la profession. Best seller incontesté, son Magic Senna a été vendu à 36 000 exemplaires. De quoi
mettre un peu de beurre dans les épinards. En 2000, le montant de ses
honoraires a frôlé le million de francs ! Mai
j'ai de gros frais, s'empresse-t-il de préciser. Un exemple ? Mon billet pour le GP du Pacifique au Japon me coûte
10 000F . Sacré Jef !
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