Bardelement vôtre
Photo Saby Maviel - Mandrak Studio
Par Alexandre
Mathieu
Dans son bureau
aux allures rétro, Guy Bardel fait penser à un impresario show
business de la belle époque. A 52 ans, il regarde ses murs tapissés de
coupures de presse et de photos de lui avec Johnny Hallyday, et
évoque avec nostalgie le temps où il était encore serveur au Palais
d'Hiver... Aujourd'hui recruteur pour les plus grands restaurateurs, il
revient sur son parcours et nous ouvre son journal intime.
Dissimulé derrière
ses lunettes branchées, c'est toujours au bras d'Eve Lopez qu'il
écume les soirées mondaines de la Ville. Pourtant, contrairement aux
supputations des mauvaises langues, il affirme haut et (surtout) fort : « Eve
est comme ma sur, il n'y a jamais eu d'histoire de c... entre elle et moi !
». N'en déplaise à certains, Guy est un homme fidèle à sa jeune compagne
asiatique de 27 ans ! Mais la vraie histoire d'amour de Guy - la
restauration - c'est l'histoire de toute une vie. Après un premier boulot
"nourri logé" à l'usine suite à certificat d'étude de plombier zingueur,
il se rapproche un peu plus des fourneaux en devenant mitron dans une
boulangerie.
Mais
l'horizon semble bouché pour le jeune Guy qui regarde chaque matin, béat
d'admiration, son voisin quitter l'immeuble dans son costume trois pièces
au volant de
sa Ford Mustang. Barman au Ménil Montant, le bar le plus branché de la
ville dans les années soixante, ce dernier va faire entrer notre héros
dans le monde de la restauration qu'il ne quittera plus jamais.
Il fera ses premières armes au Casino de Charbonnières, déjà considéré
comme une des meilleures tables de la ville, puis enchaîne les wagon
restaurant et les années en cuisines. Cette expérience professionnelle lui
permettra de passer son C.A.P. quelques années plus tard, à la Brasserie
Georges. « J'avais la passion de mon métier, aujourd'hui, les
jeunes ne l'ont plus et ils se plaignent de ne pas travailler ». Mais
les plus belles années sont celles du Palais d'Hiver, salle mythique
lyonnaise aujourd'hui détruite où sont passés les plus grands : « Nougaro,
Johnny, Becaud, Cloclo, Distel, je les ai tous
servis quand ils venaient jouer. Pour Johnny, je me souviens qu'on avait
pour consigne de mettre du thé à la place du Whisky ! ».
Après avoir tenu ses
propres affaires, Guy tourne la page et se lance dans le business. Il
intègre en 1985 le groupe « France Service » en créant la branche
hôtellerie dont il sera le seul employé. Une société spécialisée dans le
recrutement de personnel dans ce secteur ? Personne n'y croit, sauf lui !
Tant et si bien qu'il rachète le groupe cinq ans plus tard, alors au bord
du dépôt de bilan. Aujourd'hui, il affirme créer 1000 emplois par an, dont
80% sur Lyon, pour des clients pour le moins prestigieux : Paul Bocuse,
Jean Claude Caro, Thierry Lahon et Pierre Chambon,
Jean-Yves Carpentier
et
Patrick Mehu,
etc. Mais ce succès n'a en rien entamé sa verve légendaire: « Je
continue à passer l'aspirateur, à laver les vitres de mon bureau, je suis
un maniaque... comme Cloclo (il se livre devant nous à une imitation de
son idole en train de danser pour le moins réussie). Il y en a peu qui
font comme moi aujourd'hui ! ».
Comme Claude François avait son
Moulin, Guy Bardel a également son havre de paix où il vient se
ressourcer, au fin fond de l'Auvergne. Bardelement vôtre, un véritable art
de vivre !
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