La chocolaterie Bernachon
De
notre correspondante Marine
Le
42,cours Franklin Roosevelt dans le 6ème
n'est plus une adresse
ignorée depuis l'installation de Maurice
Bernachon, il y a 50 ans cette année. La réputation
de la dynastie des Bernachon n'est plus à
faire. De père en fils et de mère en fille, la
gastronomie est une affaire de famille...
Quand
vous fran-chissez le seuil de la porte de la
chocolaterie Bernachon, non seulement vous serez
envoûtés par la délicieuse odeur chocolatée
qui y règne mais vous serez d'autant plus
surpris d'apprendre que la famille Bernachon
est solidaire dans cette affaire.
La boutique,
reprise en 1952 par Maurice Bernachon a prospéré
jusqu'au décès de celui-ci en 1998. C'est
désormais Jean-Jacques, son épouse Françoise
et deux de leurs enfants qui ont pris la
succession de la chocolaterie et du salon de thé.
Jean-Jacques
a fait ses premiers pas dans la chocolaterie à
l'âge de 17 ans. Nous pouvions nous attendre
à ce qu'il débute dans la boutique de son père...
Pourtant, Maurice l'a expédié à Bourgoin
chez un de ses anciens ouvriers : « Mon
père a refusé que je commence à la
chocolaterie avec lui. Mais il ne m'a pas
rendu la vie dure. En m'envoyant à Bourgoin,
il savait à qui il me confiait et où il me
mettait ! ».
La chocolaterie est
un métier fatiguant... Et Maurice voulait que
son fils le comprenne en dehors du territoire
familial. Début de la journée à 5 heures du
matin pour finir à 19 heures tous les jours.
Jean-Jacques en avait conscience mais il a
persisté... « Au
bout de quelques temps, j'en ai eu marre alors
je suis rentré à la maison pour travailler
avec mon père. »
Jean-Jacques
a aujourd'hui 57 ans. Il a épousé en
1969, Françoise, fille de Paul Bocuse.
Ils ont eu 3 enfants. Leur fils, Philippe,
aide son père dans les laboratoires de
fabrication depuis 2 ans. Stéphanie (ci-dessous
lors de la soirée Christofle àKGB), 28
ans, gère la chocolaterie. Et leur troisième
fille est outre-atlantique, où elle travaille
pour American Airlines... Françoise,
quant à elle, s'occupe du salon de thé.
Depuis
le décès de Maurice, aucun changement n'a été
apporté à la fabrication des chocolats et
autres pâtisseries. Mais Jean-Jacques avoue que
son père n'aurait jamais compris le passage
au 35 heures !
Les Bernachon y sont déjà
passés mais pour des périodes comme celle de
fin d'années, le temps est très dur à gérer.
Pour eux, Noël est synonyme de stress et de
nombreuses heures de travail. Au delà de cette
fatigue physique, Bernachon réalise 1/3 de son
chiffre d'affaires pendant le mois de Décembre !
Quant
aux projets nationaux, Jean-Jacques nous confie
qu'il n'a aucune envie de partir de Lyon
« Ici, on est dans 2000m², je
surveille toute la fabrication de A à Z. Je
ne peux pas être à Paris et à Lyon. Mon fils,
cela ne fait que 2 ans qu'il travaille ici,
alors il n'a pas encore de projets pour
franchiser Bernachon. Il attend peut-être ma
retraite pour le faire ! » Mais
la clientèle internationale reste pour
Bernachon un très bon apport qui est renouvelé
par connaissance, par le bouche-à-oreille
(quelques fidèles non-négligeables tels que Jean-Michel
Jarre, Michel Serrault ...).
Les
Bernachon ont fait le choix de ne pas fournir
les restaurants de leurs délicieux chocolats...
à une exception... Paul Bocuse bien sur !
Car les relations Bernachon/Bocuse ne datent pas
d'aujourd'hui.
Depuis le mariage de
Jean-Jacques et de Françoise il a plus de 30
ans, les liens qui unissent ces deux grandes
familles lyonnaises sont très forts, surtout
sur des questions culinaires ! Paul vient
tous les matins prendre son petit déjeuner au
salon de thé. Maurice Bernachon et Paul Bocuse
s'entendaient à merveille. Ils avaient la même
conception du métier. Ils avaient la même âme
traditionaliste.
Mais Jean-Jacques nous avoue
quelques anecdotes croustillantes concernant son
beau-père... « Si demain nous disons
à mon beau-père « Françoise et moi
avons réservé ce week-end une chambre chez Loiseau »
il est capable de vous annuler la chambre. Il
est capable de tout. Il ne faut pas trop lui dévoiler
nos projets ! Il nous est arrivé de faire
600 kilomètres pour aller dans un hôtel où
nous avions réservé. Quand nous arrivions, la
réceptionniste nous disait que quelqu'un les
avait prévenus que nous annulions alors on
reprenait notre voiture, on refaisait 200 kilomètres
pour trouver une chambre de libre ! »
Quand
Jean-Jacques n'est pas dans ses laboratoires
Bernachon, on peut le croiser sur un green, club
de golf à la main ou encore dans les tribunes
des supporters lyonnais ! Il affectionne
particulièrement la nature, comme tout
gastronome ... J'aime les choses simples !
Un
dernier mot ? « Mon plus beau
cadeau serait de voir un jour mes enfants me
succéder. Trois générations de Bernachon, ce
serait pas mal ! »
A
suivre, Les belles petites
miches de Philippe Jocteur...
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