Denis Richard en chasse pour Nemrod
Photos © Saby Maviel
Par Christophe Magnette
A la tête de l'un des cabinets leader dans le
recrutement de cadres dans la région
Rhône-Alpes, Denis Richard connait mieux que
quiconque la singularité du marché de l'emploi
actuel. Devoir faire face à un manque de
ressources, exercer de facto une pression
continuelle afin de dénicher le bon candidat,
affiner ses techniques de détection... notre
homme se montre sans ambiguïté.
La vie professionnelle de Denis Richard, 54 ans,
restera liée à jamais à la rencontre de deux
personnes : Pierre Fabre et
Christian Laué « la chance d'une vie»,
comme il aime à le souligner. C'est le premier
qui fait « descendre » le gone d'alors à
Castres, pour prendre la responsabilité des
recrutements du laboratoire pharmaceutique
éponyme. Il a 26 ans, fraichement diplômé
d'école de commerce et quitte la capitale des
Gaules pour la première fois « j'étais
vraiment le Lyonnais qui débarque ». Un
« exil » qui dure le temps d'un quinquennat.
Un premier grand virage : « A l'époque,
c'était un nouveau métier », se rappelle
t-il. Mais à l'aube de la trentaine, il
souhaite effectuer un retour aux sources. En
1982, il est débauché par le groupe Egor,
deuxième rencontre marquante, cette fois avec
Christian Laué. « C'était passionnant,
j'étais passionné, c'est à cette période que
j'effectue mes premières missions à
l'international, là que j'apprends les
spécificités de mon métier... ». Directeur
des bureaux lyonnais, numéro 1 du marché,
Denis Richard surfe sur le succès... jusqu'à la
disparition brutale du groupe « du jour au
lendemain ». Nous sommes en 1993. « J'avais
42 ans, de l'expérience, de la volonté, je me
suis lancé ». Dans la foulée il créé
Nemrod « je suis né dans la crise et ça m'a
fait beaucoup de bien car j'ai pu mesurer ce
qui n'allait pas dans notre profession ».
Un bon calcul, 14 ans plus tard, Nemrod est
incontournable.
110 missions de recrutements en 2006, un effectif de 12
personnes - une antenne à Paris - 1,5 millions
d'euros de chiffre d'affaires, les clignotants
sont au vert. Les perspectives aussi « nous
tablons sur un chiffre d'affaires de 1,8
millions d'euros pour l'exercice en cours et
de 2 millions d'euros pour 2008 » précise
notre homme, amateur depuis peu de longues
randonnées dans le massif du Mont-Blanc.
Visionnaire, il a su adapter ses méthodes de
travail et anticiper les évolutions
structurelles du marché de l'emploi. Il est
l'un des premiers cabinets à obtenir la
certification Iso 9001, à créer une cellule
d'approche directe « pour trouver Le
spécialiste ». Et de renchérir « le
maitre mot de notre métier doit être la
transparence : dire ce qu'on fait ; faire ce
qu'on dit ». D'autant plus que le
recrutement des cadres est en plein boom et
que le phénomène est amené à perdurer. Et les
jeunes comme les seniors sont concernés : « nous
avons l'an dernier placés 7 seniors de 54 ans
ou plus», se félicite Denis Richard.
Honnête, il avoue qu'aujourd'hui ce sont les
recruteurs qui sont dépendants des candidats
et non le contraire. Une tendance qui lui fait
dire « que les candidats ne se rendent pas
compte du pouvoir qu'ils ont ! ».
Car l'homme est enjoué et tient à faire passer
le message : « Le problème réside dans le
manque d'information, l'offre et la demande ne
se rencontrent pas. Or, les chercheurs
d'emplois doivent savoir que nous avons de
quoi les satisfaire car la demande existe ».
Depuis le début de l'année via sa
holding personnelle, Denis Richard a
ajouté une nouvelle corde à son arc,
Enaxion, spécialiste du
conseil-accompagnement qui prévoit cette année
un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros.
Pour autant, quid de l'évolution actuelle ? « Les
cycles économiques sont plus rapides, et donc
déstabilisants. A tel point qu'aujourd'hui, un
cadre qui reste plus de 5 ans dans une même
fonction ne peut faire l'économie d'une remise
en question. Il est très important aujourd'hui
de pouvoir changer d'entreprise, mais une
autre alternative est également possible :
pouvoir évoluer au sein d'une même structure
et se préoccuper régulièrement de son avenir.
Du reste, il est réconfortant d'observer « la
traque au potentiel » à l'intérieur des
entreprises, la promotion interne est en train
de faire son chemin même si le remplacement
des générations demeure l'enjeu essentiel de
demain ». Et de conclure, comme un rappel
salutaire « il faut aussi prendre le temps
de s'occuper de sa famille... »
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