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11 juillet 2005

 
 
Muriel Tissier : « Je suis greffée et alors ! »

Muriel Tissier

 

Elle a 43 ans et pétille de joie de vivre. En 1987, cette hôtesse de l'air qui dévorait les miles et la vie à la vitesse du son a été victime d'une hépatite fulminante. Une fois rétablie, elle a créée l'association Résurgence Transépathe Rhône-Alpes pour venir en aide au greffés. Elle vit toujours la foi au cœur. Rencontre sur les greens du Gouverneur.

 

Quel est l'objet de votre association ?

Créée en 1995 par des malades greffés du foie, Résurgence Transépathe Rhône-Alpes est une association reconnue d'utilité publique. Son objectif est de permettre d'assurer la défense des intérêts collectifs des patients atteints d'une insuffisance hépatique grave, et de porter aide sur le plan social, juridique et administratif à tous ses adhérents. Mais sa mission primordiale consiste à visiter les malades en attente de transplantation et les malades greffés du foie dans les quatre centres de transplantation dans la région.

 

Vous êtes particulièrement concernée ?

J'ai été greffée du foie à la Croix Rousse en 1987. Je suis donc la doyenne des greffés du foie de l'hôpital de la Croix Rousse.

 

Comment cela s'est-il passé ?

En 1987, j'étais hôtesse de l'air, en pleine forme et j'ai été victime d'une hépatite fulminante. Tombée dans le coma, mon foie s'est immédiatement dégradé. J'ai été greffée pendant ce coma sans le savoir. Je me suis réveillée avec le foie d'un autre. Je ne savais même pas que ça existait.

 

Comment avez-vous vécu ça ?

C'était une révolution à l'époque. Les équipes médicales hésitaient à repartir dans la transplantation suite aux nombreux échecs des premières greffes. La greffe est une expérience extraordinaire. Quelque chose d'imprévu dans sa vie. Il faut savoir accepter ce cadeau très fort.

 

Comment le vivez-vous au quotidien ?

Il m'a fallu quelque temps pour réaliser la chance que j'avais d'être transplantée. Sans greffe, j'étais condamnée à quelques jours de survie. Ma vie a changé du jour au lendemain. La dolce vita, c'était fini. Il a fallu digérer, mais j'étais vivante. Je suis repartie sur une vie complètement différente. Mais ce n'est pas facile tous les jours.

 

Lyon est-elle bien outillée pour ce type d'opération ?

La région Rhône-Alpes est pionnière en matière de transplantation de cœur et de foie. C'est une véritable aventure humaine. Faire repartir le cœur d'un humain à partir d'un autre, ça n'a rien d'anodin.

 

Quels sont les problèmes que rencontrent les greffés à Lyon ?

Les problèmes sont multiples. Que ce soit à l'hôpital Edouard Herriot, attentes dans les couloirs, partage de lit avec plusieurs patients pendant la journée, se trouver en consultation de jour dans un service d'opérés... avec le risque immédiat d'éventuelle infection nosocomiale ; à l'Hôtel Dieu, un service vétuste et un suivi plus qu'aléatoire. Des convocations épisodiques, des interlocuteurs peu fiables (en fait des internes qui ne restent guère plus de trois mois), voir un médecin relève du coup de chance. Un suivi qui n'est pas pris dans sa globalité ; à la Croix Rousse, un service et un médecin débordé par les demandes et un poste à mi-temps pour le Docteur Radenne. En bref, mieux vaut bien se porter en ce moment car tous les services sont dépassés dans tous les sens du terme.

 

Quels sont vos souhaits ?

Nous aimerions dans l'avenir un centre commun de suivi du transplanté avec des médecins et des moyens dignes d'une médecine de qualité. Nous sommes conscients de l'importance de ces problèmes (nos amis de Grenoble ont de la chance de ne pas connaître cela, heureux greffés...), cela pose également le problème de ce que sera notre suivi dans 5 ans si rien n'est fait tant au niveau personnel que matériel.

 

Aujourd'hui, vous vous consacrez aux transplantés ?

J'ai souffert d'être la première. J'ai envie de rassurer, d'expliquer « Comment on vit quand on est greffé ? Est ce qu'on peut travailler ? » Leur apporter soutien et solidarité à un moment difficile et critique de leur vie, ainsi qu'à leurs proches, est l'action de générosité essentielle et le lien d'union et de fraternité entre tous les malades. Tous les adhérents sont mobilisés pour sensibiliser l'opinion aux dons d'organes.

 

En parallèle, vous diffusez la bonne parole du don d'organe ?

L'important c'est le message. Il faut que chacun d'entre nous prenne position de son vivant et fasse connaître sa décision à son entourage car demander le prélèvement d'un organe dans un moment très douloureux est un exercice difficile. C'est un frein à la transplantation (33% de refus en France)

 

Combien de personnes sont-elles en attente d'une greffe ?

10 000 patients sont en attente. Il faut bien comprendre que la greffe ne concerne que 1200 morts cérébrales en France sur lesquelles on peut effectuer les prélèvements. En 2004, il y a eu 120 greffes de foie sur la région Rhône-Alpes.

 

 En savoir plus :
 

 Résurgence Transhépate Rhône-Alpes

 133, bld de la Croix Rousse - 69004 Lyon

 

 France ADOT 69

 Association pour le don d'organes et de tissus humain

 37, rue Bossuet - 69006 Lyon

 Permanence mercredi de 14h30 à 16h30
 


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