Thierry
Frémaux : « Les paparazzis ne sont plus
ce qu'ils étaient ! »
De
notre correspondant Marc Polisson
Photos
Anna Drai et Mario Gurrieri
Le
directeur de l'Institut Lumière est effectivement passé cette année
de l'ombre... à la lumière en obtenant le prestigieux poste de sélectionneur
des films du Festival de Cannes. L'équivalent de Roger Lemerre pour le
cinéma, c'est dire ! Une première en demi-teinte si l'on en croit médias et
festivaliers, pour qui le cru 2001 ne restera pas dans les annales...
(voir notre chronique : les potins de Cannes).
Mais Thierry n'a pas dit son dernier mot !
Vous
rentrez tout juste de Cannes. Sur les genoux... ou surbooké ?
Un
peu fatigué mais je récupère vite. Sinon, oui, surbooké de gens, de
sensations, d'intuitions, et surtout de films, déjà. La sélection
2002 est en route, quelques cinéastes bientôt au travail se promenaient
sur la Croisette lors des derniers jours. Et puis, j'ai une grande
impatience à retrouver la rue du Premier-Film, les projets à venir, même
si ma vie parisienne et les voyages pour Cannes ponctueront l'été et
l'automne (sont prévus : quelques pays européens, une tournée
asiatique, une autre en Amérique Latine).
En
tant que sélectionneur officiel, avez-vous fait l'objet de pressions
particulières ?
Aucune.
Il paraît que j'ai une réputation d'incorruptible.
On
raconte que vous avez beaucoup donné de votre personne. Pour la bonne
cause ou pour le plaisir ?
Mon
plaisir, c'est de m'engager pour une bonne cause. Celle du cinéma,
par exemple, qui est aussi celle du monde : lors de la clôture, le
discours en inuit du réalisateur canadien était de toute beauté et
d'un sens magnifique. Ceux qui fréquentent l'Institut Lumière me
connaissent comme ça, un peu "actif". J'ai depuis le début
conçu cette aventure cannoise comme du plaisir. Je n'étais pas
demandeur, on est venu me chercher et j'ai pensé que j'avais tout à
gagner à prendre le meilleur côté des choses. C'est ce qui se passe
depuis six mois et c'est ce qui s'est passé pendant quinze jours.
Etiez-vous
de sortie tous les soirs ? La plus belle soirée du festival, selon vous ?
Oui,
tous les soirs. Après le traditionnel dîner quotidien du Carlton, vers
minuit, je passais dans les fêtes saluer les équipes de films que
j'avais invitées. Avec un chauffeur, c'est facile, même pour des
villas sur les collines.
Après, je retournais au Palais pour les essais
techniques avec les réalisateurs en compétition le lendemain. Ça se
terminait vers 2h30. La plus belle fête, c'est la première, celle de
Moulin Rouge avec les australiens délirants et Nicole Kidman dansant au
milieu de la foule, et c'est aussi celle que les italiens ont improvisée
le dernier jour pour fêter la Palme d'Or. Nanni Moretti était déchaîné
et a dansé très très très tard.
Dans
combien de fêtes vous êtes-vous incrusté ?
Aucune.
Je ne vais que là où on m'invite. Mais j'étais invité partout.
Vous
avez été aperçu sur la croisette au bras d'une jeune starlette, blonde,
à forte poitrine... Était-ce votre fille ou votre nièce ?
Ma
nièce, justement. Comment savez-vous ça ?
Votre
meilleur souvenir de Cannes 2001 ?
Garçon
: le sourire et l'accolade de Francis Coppola pour la présentation d'Apocalypse
Now. Fille : le sourire et le baiser de Laetitia Casta, extraordinaire de
charme et de gentillesse.
Remettrez-vous
le couvert l'an prochain ?
Oui,
oui. Il semble qu'avec Gilles Jacob et Véronique Cayla, on soit partis
ensemble pour quelques années.
Deux
mots sur le fabuleux destin... de Thierry Frémaux...
Quand
on aime, on ne compte pas.
...et
sur celui d'Amélie Poulain... Avec l'absence des stars yankee, les seules
fausses note du Festival ?
Sur
Amélie Poulain, on a eu l'occasion (trop tardive à mon goût) de
s'en expliquer : ils ont préféré sortir en salles avant Cannes. Après,
ils ont appuyé toute leur communication sur le thème " le film
qui n'a pas été sélectionné à Cannes ". Ils en sont à
trois millions d'entrées, Cannes n'a pas tué le film, il l'a même
aidé, que cela soit dit ! L'absence des stars yankees ? Un cliché que
vous avez pêché chez les moins informés de vos confrères, pardon de
vous le dire. Même Variety a trouvé ça bien.
Je cite de mémoire
: Jodie Foster, Melanie Griffith, Sean Penn, Nick Nolte, Mike Myers,
Nicole Kidman, John Leguizamo, Ewan McGregor, Robin Wright, Antonio
Banderas, Patricia et Rosanna Arquette, Tim Robbin, Quentin Tarentino, Jet
Lee Bridget Fonda, etc. Il y avait aussi beaucoup de gens célèbres qui étaient là et ont voulu rester dans l'ombre. Mais les
échotiers et les paparazzis, qui ne sont plus ce qu'ils étaient
(j'ai pu souvent le vérifier), ne les ont pas débusqués.
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