François Niforos capitalise la beauté
Par Françoise Petit
A la veille de ses quarante ans qu'il fêtera comme un mariage avec les autres du
côté des Brotteaux, François Niforos déroule le film de son enfance à Marseille.
Les couleurs d'une ville à fleur de peau ont pigmentées son âme de battant.
Intégration,
tension, passion. Cette trilogie inconnue de Pagnol sont les mots d'ancrage de
sa vie dont il est fier. Fort d'une double culture, méridionale par sa mère et
orientale par son père (d'origine grecque) François Niforos s'est projeté très
tôt dans un monde où il trouverait son équilibre.
« Je suis un esthète »
se plait-il à dire pour justifier son parcours quand de concert ses parents lui
disaient : « si tu travailles bien à l'école... » Et il a bien travaillé à
l'école. L'élève appliqué des Jésuites a appris qu'en terre de tolérance il
fallait donner de soi, partager, s'imposer, même sans être fils de notable
marseillais. D'où son entêtement à dépasser ses limites tout en gardant un cur
d'enfant.
L'épicerie
familiale de « La Calade », les heures militantes de son père (UDR puis RPR), la
faculté de médecine, l'ambiance cosmopolite de Marseille ne quittent pas sa
mémoire, encore moins quand il savoure aujourd'hui de sa terrasse la vue la plus
convoitée de Lyon.
« Mon passé m'aide à ne pas devenir matérialiste »
explique François Niforos se référant au philosophe Alain : « Le
monstre nous rappelle ce qu'il a d'animal en nous, le beau nous rapproche de
Dieu ». Lucide,
cet aficionado des belles choses additionne ses coups de curs pour nourrir sa
soif d'art.
Des uvres contemporaines peuplent son univers grâce à quelques
grands noms d'artistes, tel Fernand Léger harmonieusement installés dans
son hôtel particulier.
Ambiance galerie, meubles de créateurs (Jean-Michel
Franck notamment), déco personnelle s'accordent aux murs blanc et beige qui
éclairent sculptures et tableaux. Celui qui voulait être « curé ou chirurgien »
oublie Marseille à Lyon mariant toutefois les deux métropoles par ses multiples
retours au pays. L'homme qui pleure sur « Marius et Jeannette » est devenu un
notable malgré lui à 1h30 de TGV de sa ville natale.
Paris
est sa troisième destination affective en France. Dans la capitale il croise
Rémi Tessier, va déjeuner au Costes, travaille, côtoie
Jean-Paul Gaultier, visite les grandes expositions sans toutefois être
attiré par le microcosme parisien.
Lyon, son port d'attache a de quoi remplir
ses journées professionnelles et ses dîners : « Je suis devenu très sélectif
car les rapports humains me déçoivent souvent ». Pour conjurer cela, la
famille demeure son meilleur refuge. François Niforos apprend à oublier les
mesquineries avec elle et quelques amis chers comme Carole Dufour ou
Jean-Claude Anaf.
Ils seront beaucoup plus nombreux en octobre à lui dire « l'amitié c'est
parfois silencieux ».
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