Le fabuleux
destin de Frédéric Lopez
Vous parliez
tout à l'heure de la chasse aux médias
nationaux. C'est une spécialité bien lyonnaise
puisque tout le monde à Lyon envoie ses
cassettes à Paris. Comment expliquez- vous
votre succès alors que nombre de vos collègues
sont encore à se morfondre à Lyon ?
C'est
très paradoxal. Quand je prenais l'antenne à
Lyon tous les jours en direct pendant 3 ans,
j'avais une sorte de fantasme :
inconsciemment, j'espérais que la productrice
Dominique Cantien (découvreuse de Christophe
de Chavanne, de Nagui...) de passage à Lyon,
flashe sur moi et se dise « Putain ce mec,
il a du talent ». Elle ne m'a jamais
appelé. Et l'année dernière, elle a voulu me
rencontrer et j'ai cru lui faire un compliment
en lui disant : « Vous savez, ça fait 10
ans que j'attends cette poignée de mains ! »
En fait, elle l'a très mal pris parce que cela
voulait dire pour elle : « Cela fait 10 ans
que tu passes à côté de moi, espèce de naze ! ».
Les gens qui
font ces métiers là, le prennent mal quand ils
découvrent les gens après les autres. Et vous
n'imaginez pas le nombre de gens aujourd'hui
qui me trouvent formidables ! Ceux-là même à
qui j'ai envoyé ces fameuses cassettes et qui,
soit ne m'ont jamais répondu, soit m'ont
envoyé des lettres négatives. Là aussi je vais
vous donner des noms : Sabine Mignot qui était
directrice d'unité sur France 3, et
dont j'avais reçu une réponse excessivement
méchante, une lettre où elle me racontait : « Comment
pouvez-vous espérer faire un jour ce métier vu
la gueule que vous avez ! » C'était un
délit de faciès.
Depuis, c'est
horrible, je raconte cette histoire et on m'a
appris qu'elle était décédée. C'est vraiment
traumatisant, et aujourd'hui je reçois les
gens pour ces raisons là. Il n'y a pas de
barrière, les gens quand ils viennent assister
à mes émissions, souvent ils viennent pour une
raison très simple, ils viennent me donner
leur cassette, ou me donner des CV etc... Mais
je regarde tout parce que ces gens là ne font
pas vraiment leur métier.
Au niveau
médiatisation, on ne vous voit pas encore trop
dans les magazines people... Comment vous
protégez-vous Frédéric ?
Pour
le coup, vous êtes mal informés ! Il se trouve
que j'ai été dans Voici en janvier.
(photo ci-contre NDLR) En maillot de bain
avec ma femme et ça a été un drame. Le jour où
on s'est mis en maillot de bain, on était en
vacances au bout du monde et bon, on s'est
regardé, on s'est dit : « On a 35 ans, ça
craint faut qu'on fasse un peu se sport ! »
Et puis on rigolé, on s'est dit : « On s'en
fout on ne connaît personne ! » Et en
rentrant - puisque les photos sont arrivées
avant nous - on s'est vu en maillot et donc
c'était horrible. Au bureau - comme on
enregistre plusieurs émissions, je me change
derrière un paravent - les gens me disaient « Laisse
tomber, c'est pas la peine de mettre un
paravent ! » De savoir que tout le monde
vous a vu à poil, c'est un truc très très... A
la boulangerie, les gens vous disent « Alors,
c'était bien ces vacances ? », c'est un
truc un peu bizarre. Voilà.
C'était pas
une paparazade, vous n'avez pas revendu les
photos !
Non, non, les
attachées de presse qui travaillent pour moi à
France 2 ou Match TV sont un peu
désespérées parce que leur travail c'est de
dégoter des papiers... et à chaque fois
qu'elles me proposent un truc je refuse une
fois sur deux. Parce que tous les trucs
people, ça ne m'intéresse pas. Pour une raison
très simple : je côtoie beaucoup de gens très
célèbres, beaucoup plus célèbres que moi et
qui n'ont pas de travail. Pour ma part, je
préfère avoir du boulot et être un peu moins
célèbre. La célébrité n'est pas un but en soi,
vous connaissez comme moi un paquet de gens
célèbres et qui sont très malheureux, qui
passent leur temps à se cacher parce qu'ils
sont célèbres.
Vous n'êtes
pas encore tombé dans ce type de parano !
Le public c'est
important, mais je sais que le public ne fait
pas la différence entre Brigitte Lahaie, moi
et Edouard Leclerc. Vous voyez ce que je veux
dire, c'est « vu à la télé ». Alors, par
contre, la reconnaissance de mes pairs est
très importante.
Quand un mec comme Paul Nahon
qui faisait "Envoyé Spécial" me fait des
compliments sur la manière dont j'ai dirigé
(puisque je suis rédacteur en chef de Comme
au Cinéma'), là ça me fait du bonheur pendant
6 mois. Les rapports avec le public, c'est
très agréable parce que les gens sont gentils.
Mais c'est pas le but.
Pour
terminer, quels sont vos projets ?
Aujourd'hui,
je travaille beaucoup parce que j'ai deux
émissions sur France 2, une émission
sur Match TV qui est quotidienne, il y
a quelques émissions spéciales de variétés sur
France 2, donc très honnêtement
j'arrive pas à m'imaginer l'avenir, je vis au
jour le jour et j'aimerais juste que ça dure.
On sait que ça
ne dure pas longtemps dans ce métier,
j'aimerais bien que ça dure encore un ou deux
ans, juste parce que c'est agréable avant de
passer à autre chose, avant d'ouvrir un
magasin de photos dans le Gard. Tous les gens
de ce métier font croire qu'ils ont autre
chose dans la vie mais ce n'est pas vrai. Moi
je ne sais rien faire d'autre.
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