Joaquim Moreira de Leimos, un consul d'un genre nouveau
De notre correspondant Arnaud Curt
Lorsque l'on évoque le Portugal, on pense immédiatement au Fado et à la
morue, mais le nouveau consul souhaite donner une autre image de son pays aux
Lyonnais. Loin de l'image protocolaire qui sied au corps diplomatique,
Joaquim Moreira de Leimos incarne une nouvelle sorte de diplomate en donnant
une dimension plus humaine à sa fonction.
Finie l'image austère du corps diplomatique, le nouveau consul du Portugal vous
reçoit en demandant des bons plans pour trouver
un pied à terre sympathique dans le 6ème arrondissement car
l'ambiance hôtelière commence à lui peser. Le parcours de ce francophile,
originaire de Lisbonne, est plutôt atypique. En effet, il a étudié le droit et
la diplomatie, sur la base d'une frustration. En effet, l'homme voue une
véritable passion pour l'architecture héritée de son grand- père, grande figure
du mouvement esthétique dit « de la maison portugaise » qui émergea au
début du siècle. Ce courant jugé rétrograde à l'époque s'affiche aujourd'hui
dans les plus beaux quartiers de Lisbonne. Mais de mauvais test psychotechniques
le firent renoncer à ses rêves d'urbanisme.
Aujourd'hui, il souhaite donner une nouvelle image de son pays à travers sa
fonction de consul. En effet, les Portugais ont
la particularité d'être très bien intégré au sein de la population française
tout en gardant un attachement profond à leurs racines car ils jouissent de la
double nationalité. Dans la région, la communauté portugaise est constituée de
plus de 100 000 personnes. Les services consulaires gèrent au quotidien les
dossiers administratifs comme les demandes de passeports ou de visas.
Mais depuis quelques années, un nouveau type de demandes apparaît car les
premières générations d'immigrés installés en France désirent retourner sur les
terres lusitaniennes pour y couler une retraite paisible.
Le consul souhaiterait
que la communauté profite de sa très bonne intégration pour inciter les Français
de « souche » à découvrir le pays ainsi que ses richesses culturelles et
économiques. Le consul estime en effet que l'image de son pays se trouve
beaucoup trop associé au tourisme « passif » se résumant à la plage et
aux soirées dans les hôtels clubs, alors que le Portugal regorge de patrimoines
culturels. Joaquim Moreira de Leimos souhaiterait développer des échanges avec
les instances culturelles lyonnaises que ce soit avec des orchestres ou des
artistes contemporains. Son souhait le plus cher est de surprendre les gens.
Cet épicurien glouton de culture a déjà établi ses petites traditions
lyonnaises. En effet, le dimanche matin, il se plait à se balader en partant des
Brotteaux - où se trouvent les ventes d'antiquités de maître Anaf - puis
à gagner la presqu'île jusqu'au quai Saint Vincent et son marché. Ses
collaborateurs le surnomment même « le piéton de Lyon » ; amateur de
marches citadines, il a même rassemblé toutes ses meilleures adresses
culturelles inédites de la capitale portugaise dans un recueil. La gastronomie
ne fût pas véritablement l'élément qui l'incita à accepter le poste lyonnais
puisque le consul pratique un régime permanent. Ce grand amateur d'ouvrages
écrits se plaît à prouver que ses goûts en matière de culture sont éclectiques.
Adolescent à Lisbonne, il était abonné à une salle de cinéma art et essai qui
diffusait que des films français et se plaît à se remémorer les moments de
bonheur que lui a prodigué Fanny Ardant dans « La femme défendue ».
Aujourd'hui, il essaie de rattraper son retard cinématographique en achetant le
supplément DVD de l'édition week-end du Figaro. Mais, l'homme s'intéresse
également beaucoup à la culture dite populaire, il a découvert l'impact de
Claude François en France à travers la promotion du film « Podium »
et voue également un grand intérêt pour tout ce qui passe par le petit écran. Il
constate « le même engouement pour la télé-réalité qu'au Portugal et aimerait
bien faire le tour des grosses stations de radios musicales (Scoop, NRJ) pour
prouver que la variété lusitanienne est tout aussi valable que Jonathan
Cerrada ! » Plus qu'un consul,
Joaquim Moreira de Limos se lance dans une véritable opération de
relations publiques pour faire découvrir « son pays ».
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