Etienne Daho, reçu 5 sur Dix
De notre correspondant Mehdi
Vendredi 24 octobre 2003. 19h55. le Dix. Le couple atypique Carthonnet/Affner
reçoit journalistes, amis, VIP pour un cocktail en présence d'Etienne Daho,
artiste surgi du passé tumultueux de la chanson française et venu présenter son
nouvel album. Si Dior se plaisait à prétendre « Qu'on parle de moi en bien ou en
mal peu m'importe l'essentiel est que l'on parle de moi », Daho était bien
déterminé à ne rien dire, pas un mot, un verbe, un sourire...Pas pratique lors
d'une promo !
Exemple d'un choix efficace de promotion insaisissable par le pauvre éphèbe en
communication issu du marketing « matraquage academy » : après-midi radio, chez
Daniel Perez (Scoop), toutes autres interviews pour les
journalistes étant annulées par l'égérie gay de la décennie Mitterrand (ce qui a
déclenché une grosse crise d'urticaire chez Laurent N. déjà échaudé par
le refus d'Alizée de participer à son émission « VIP ») Petite cerise sur
le gâteau : aucune photo autorisée au Dix ! On pourrait imaginer les
frères Wachowski à la direction de communication du chanteur : « Pas
de matraquage, Etienne ! Tu ne parle pas aux inconnus et tu verras, l'album va
s'arracher !».
Nouvel album, donc, pour l'artiste quasi-sexagénaire détenteur d'une pléiade de
titres à succès vendus par millions et dans le monde entier : Etienne Daho
serait-il touché par le syndrome Sofia de la Star'Ac - je sais la comparaison
est tirée par les couettes mais que voulez-vous, de nos jours l'audimat prime
sur le talent - soit prétentieux, distant, vedette en somme ? Toutefois et pour
mémoire, le journalisme d'investigation étant notre spécialité, Daho n'a pas
bougé d'un poil blanc. A croire que le temps n'atteint pas les enfants du rock.
Vingt années plus tard, l'avènement du nouveau millénaire s'est accompagné du
merchandising systématique et de la communication booster aux amphétamines : du
coup, de nombreuses personnalités intouchables du dernier quart de siècle se
retrouvent orphelins de l'audimat des années « Eram ». Autant de Sulitzer,
Beigbeider... qui essaient tant bien que mal de redorer leur trône récupéré
par le time share du média business. L' « autre école », celle de Daho
vraisemblablement, incarne la fuite de la surenchère picturale et ceci afin
d'assumer un libre arbitre artistique ce qui semble plus commode d'ailleurs
lorsqu'on détient son propre label.
Pas de show-case en grande pompe cher à Eric Hirshi (NRJ) ni de
paillettes et autres flonflons chers au microcosme lyonnais en somme. Rien à
voir presque ce soir-là si ce n'est un attaché de presse un peu spécial et très
énervé par le journalisme provincial. Il y a des soirs où une vieille logique
reprend ses droits, l'image laissant à « son » artiste le choix de décision. Où
va le monde, on est en droit de se le demander : si l'on voit réapparaître des
artistes indépendants, notre univers du flacon à moitié vide n'aura plus qu'à
trouver de nouveaux comptoirs.
On croirait rêver ! Quand issu de la nouvelle génération de journaliste - titre
subordonné de toute façon à n'importe quel individu doté du blue thooth ou de l'adsl
on voudrait approcher les étoiles de la grande époque, mais que du faible
talent alimenté par une culture poubelle, nous resterons consommateurs
d'artistes jetables et aussi faiblement talentueux que leur support médiatique !
Finalement, Etienne Daho a sans doute raison.
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