Christian Drillien : maquillage maison
Photos © Jean-Luc Mège
Par Françoise Petit
A Lyon, le nom de
Christian Drillien est lié à la beauté des mains. Contraint a laisser trop
souvent son «home » pour développer son concept hors 6ème, ce pionnier des faux
ongles est un véritable homme de goût. Chez lui il stocke ses états d'âme et ses
éclats de liberté. Radioscopie d'un solitaire exposé aux flashes de Lyonpeople !
Cinq étages sans ascenseur ! L'immeuble à fleur de Préfecture caresse le sommet
des arbres d'une belle avenue. L'escalier interminable n'a pas découragé
Christian Drillien d'acheter cet appartement ! D'entrée on comprend : « être
chez soi c'est le reflet de soi, un refuge, c'est indispensable pour
l'équilibre. Ici ce fut un coup de cur, pour cela j'ai travaillé avec Kelek,
une artiste, celle qui a donné une âme à ma marque. Elle m'a guidé pour
l'harmonie des couleurs tout en respectant mes choix personnels » commente
Christian Drillien en jetant un regard travelling sur les objets qui peuplent le
salon. Ils sont nombreux mais pertinemment distribués dans la pièce pour éviter
l'allure exposition. Une relique puis un ange, une salamandre chinée à
Marrakech, deux gravures achetées à Riga, un tableau de Nicollet, un meuble
Empire, des miroirs Napoléon III, des chaises Art Déco, chaque meuble et objet
parlent de voyages, de découvertes ou de références à l'enfance.
Dans les années 50 le père
de Christian est ingénieur au Brésil. Il installe son eldorado familial en
aimant peindre par passion des fresques gigantesques. Les papillons, que le
petit Christian cueillait alors comme des brassées de fleurs sont encore
intacts. De ces moments du côté de Rio (avec sa sur jumelle Christiane)
demeurent des photos qui se lisent à tête reposée comme un petit scénario. « Si
mes parents n'ont pas été des modèles pour me faire aimer la déco ils m'ont
transmis, en revanche l'amour des symboles, et, parce qu'ils ont morts à un an
d'intervalle, il n'y a pas si longtemps, j'ai hérité d'eux des choses et des
objets qui m'étaient chers ». Ainsi Christian Drillien se plait à aimer des
choses surprenantes, incongrues ou simples comme deux statuettes en terre cuite,
une mygale figée sous verre ou un pilon à manioc.
Le côté mystérieux de notre
« people at home » alterne avec une lucidité déroutante. Plus mystique que
fétichiste dans sa façon de voir le monde, celui qui fait cheminer la beauté
jusqu'au bout des ongles avance ses propres idées sur l'apparence physique : « oui,
j'ai eu recours à la chirurgie esthétique, c'était plutôt des modifications,
j'avais envie de changer la structure de mon visage, j'avais besoin d'avoir un
visage différent, rien à voir avec du rajeunissement mais après, il faut
affronter le regard des autres et les commentaires de ceux qui disent que
c'était mieux avant, alors commence le moment des incertitudes. Les gens sont
méchants ! Peut-être sont-ils sincères ? Quand je me regarde sur les photos j'ai
du mal à me reconnaître, mais c'est comme changer de coiffure ou de voiture ! »
Christian Drillien formé à l'Hôtellerie fut spontanément plus attiré par le
maquillage que par les « Beaurivage ». Entre Lyon et Paris il travaille ses
first class avant d'ouvrir son institut cours Lafayette bien vite dupliqué. La
mode des faux ongles lui donne l'opportunité d'ouvrir à Cannes : « pour
accompagner cette création je suis resté quatre mois consécutifs sur la
Croisette, j'ai découvert l'importance de se positionner sur un créneau
international avec notamment une clientèle des Emirats, mais d'un point de vue
personnel j'étais très mal je n'avais pas de « chez moi, » plus de repères ».
Christian Drillien souffle, sa boutique de Cannes sort ses griffes et à Lyon il
retrouve son nid. Très doué en cuisine et particulièrement sur une recette de
soufflé au fromage, Taras observe et aboie aux exploits de son maître. Né à
Moscou ce chien de race fut repéré par Marina Anissina qui a l'époque des championnats du monde fréquentait l'institut.
Et l'amour dans tout çà ?
« Je suis incapable de vivre sans lui »...
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